Premier long-métrage de Johan Storm, Shadow Island est maintenant disponible en vidéo sur demande sur différentes plateformes. À travers une mise en scène obscure et énigmatique, le réalisateur suédois nous livre une histoire emplie de secrets et de nœuds à démêler. Mettant en vedette Johan L. Heinstedt et Hanne Mathisen Haga, le film se veut une enquête personnelle inquiétante qui, un indice à la fois, nous conduit à la tragique vérité. Il faut toutefois bien suivre le guide puisque le chemin est plutôt sinueux et il s’avère facile de s’y perdre en cours de route.
David, un apprenti météorologiste, se rend sur l’île norvégienne où son père a travaillé pendant plusieurs années. Sur cette terre éloignée, il désire trouver quelques réponses sur cet homme mystérieux qu’il n’a somme toute jamais réellement connu et qui est parti sans crier gare. Lors de son séjour, il rencontre Sarah qui, tout comme lui, est hantée par les fantômes de son passé incertain. À deux, ils tenteront de découvrir ce qui s’est réellement passé en ces lieux sombres.
Lente chasse au trésor
Shadow Island a toutes les caractéristiques d’une intrigue noire qui présage un dénouement troublant: les mouvements de caméra à l’épaule, les coupes serrées, les lourds silences, on sent dès le départ que nous ne sommes pas en sécurité. L’arrivée sur l’île décuple l’inconfort et l’additionne à un lourd sentiment d’isolement. Le vent souffle fort et tout semble ainsi instable, prêt à partir au vent. Un indice ici et là, quelques pistes à contempler, rien n’est très clair au cours du premier quart, mais on avance à petits pas. Toutefois, le temps presse un peu, car le film ne fait que 90 minutes (générique inclus!). Heureusement, nous sommes rapidement présentés à Sarah, qui réside temporairement sur l’île à proximité. Cette rencontre inattendue offre un peu de vitesse à l’histoire, au grand plaisir des impatients de savoir. Il faudra cependant sillonner encore plusieurs détours avant d’arriver à destination.
Lever plusieurs voiles
L’introduction d’un deuxième personnage vient en effet accélérer le déroulement de l’intrigue, mais laisse également place à quelques mises en situation superflues qui font perdre de précieuses minutes à notre investigation. Il n’y a pourtant pas de place à l’inutile, sinon le «pourquoi du comment» devra être révélé en mode condensé dans les derniers instants du film. C’est effectivement (et malheureusement!) ce qui se produit. Le dénouement, quoique surprenant à souhait, est rempli à craquer d’informations nouvelles. En tant que détective associé, on doit prendre du recul et réévaluer le grand tableau sur lequel plusieurs punaises et ficelles rouges se sont soudainement ajoutées (l’option «pause» étant un très bon allié!). Après réflexion, certaines questions trouvent réponses et logique, mais quelques mystères ne sont que partiellement élucidés.
Définitivement plus thriller que film d’horreur, Shadow Island peut se vanter d’avoir de très bonnes intentions et réussit à plusieurs reprises à nous faire croire qu’il parviendra bel et bien à gagner son pari. Toutefois, comme le font bien des suspenses du genre, le film s’emballe allégrement dans la complexité d’une histoire à plusieurs filons et se dilue ainsi plutôt que rester concentré sur sa mire principale.
Le scénario aurait également gagné à approfondir ses personnages — trop nombreux et certains peu attachants — et à insérer davantage d’éléments anxiogènes, les lieux étant parfaitement propices à appréhender le pire et à offrir quelques soubresauts bien sentis. Il semblerait effectivement que l’horreur ait manqué le bateau!
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