Deux ans après avoir réalisé le premier volet de Smile, qui présentait une sorte de prophétie horrifique à la Ringu, Parker Finn récidive avec la suite savamment baptisée Smile 2 (Sourire 2) et reprenant à quelques lignes près la même prémisse. Mais si on peut sentir une redite au niveau de l’intrigue, le tout est orchestré avec beaucoup plus de maîtrise et de finesse, et le ton du film réussit à éclipser les nombreux mauvais pas de la première itération afin d’accentuer le but réel de l’oeuvre : offrir des sensations fortes à son public.
Après avoir pris une longue pause due au choc post-traumatique d'un terrible accident de voiture, la star pop de l'heure Skye Riley (Naomi Scott, Aladdin 2019) s'apprête enfin à reprendre sa tournée mondiale. Mais son retour sur scène est plutôt anxiogène : le grand public est conscient de son passé tragique lié à des problèmes de consommation. C'est néanmoins avec beaucoup de courage que Riley veut relancer sa carrière, jusqu'à ce qu'un homme, pris d'un excès de folie soudaine, s'enlève la vie devant ses yeux, un sourire béant aux lèvres. À partir de cet événement étrange, Riley sera victime de plus en plus d'hallucinations, égarements et crises de panique, jusqu'à ce qu'une présence fantomatique liée à son trauma la rattrape.
Quiconque est familier avec le premier film comprendra bien vite que le scénario de Smile 2 est construit sur la même structure que son prédécesseur. Dans les deux cas, on suit la dégradation psychologique d’une femme angoissée, tourmentée par un passé traumatique et en proie à une sorte de malédiction en chaîne.
Mais si l’œuvre initiale dressait les règles de cet univers décalé, insistant sur les déboires de sa protagoniste qui tentait tant bien que mal de garder l’équilibre dans son esprit en fuite, le second film de Parker Finn prend une tournure résolument grotesque et spectaculaire. Ici, plus question de tenter un thriller psychologique réaliste, pari qui avait été plutôt raté dans le premier volet. On peut s’attendre à plus d’horreur, plus de sursauts et, surtout, une attention bien plus soutenue et accusée au gore. À un certain point (et à bien plus petite échelle!), on pourrait comparer la proposition à The Evil Dead et sa suite : l’équipe s’amuse beaucoup plus avec les jouets qui lui sont maintenant familiers.
Mais l’horreur amplifiée n’est pas toujours gage de qualité. Oui, le film a son lot de jump scares très efficaces, mais ceux-ci sont trop souvent dus à un son assourdissant qui nous cassera les oreilles à des moments imprévus. Rares sont les moments où la tension est étirée à son maximum afin de susciter l’effroi, alors qu’on préférera la surprise dérangeante à l’horreur engageante. Cela dit, quelques images cauchemardesques en lien avec le passé traumatique de la protagoniste sauvent certaines séquences, apportant une couche plus réfléchie et contextuelle qu’un sursaut qui, sinon, aurait été bien classique.
Oscillant entre bons coups et accrochages scénaristiques (est-ce que quelqu’un a déjà vraiment trouvé les sourires niais de cette franchise si effrayants?), Smile 2 parvient néanmoins à toujours s’en tirer grâce à son originalité, une réalisation bien compétente et le jeu impressionnant de Naomi Scott. Et le ton du film atteindra un point extrêmement satisfaisant dans son troisième acte, où on s’écarte définitivement du registre réaliste afin d’assumer pleinement la violence graphique. C’est exactement ce qu’il fallait pour éviter qu’on se pose trop de questions et qu’on apprécie le spectacle.
Smile 2 n’est pas parfait, mais est nettement au-dessus de la proposition originale de 2022. Parker Finn a su rassembler les bons coups du premier film, préciser le ton et faire du second volet le film que son public voulait : de l’horreur pure et simple, brutale et efficace, et surtout, qui ne se prend plus au sérieux. Une belle surprise pour cette franchise qui démarrait pourtant avec bien peu de panache.
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