Honnêtement, on savait déjà avant de voir le film que Smile (Sourire), qui prend l’affiche ce week-end, existait pour le simple plaisir d’aller sursauter en salle avec une poignée d’amis et de popcorn pour lancer officiellement les célébrations d’Halloween. Les bandes-annonces nous le soulignaient au gros feutre rouge : le film s’appuie sur l’inconfort que provoque un sourire étrange au cinéma d’horreur… et que ça. Le pari était risqué. Encore plus quand on apprend que Parker Finn y signe ici un premier long-métrage, adapté de son court Laura Hasn’t Slept de 2020. Le résultat aurait pu s’avérer très amusant, mais c’est plutôt à demi réussi.
La prémisse est rudimentaire : une nouvelle patiente troublée souffrant d'hallucinations débarque en psychiatrie et se suicide devant les yeux de Dre Rose Cotter (Sosie Bacon). Lourdement secouée par l'incident tragique, Rose est maintenant elle aussi témoin d'étranges visions.
Smile a beau prétendre traiter de troubles mentaux (et plus précisément de leur hérédité) pour justifier son passage au format long, mais personne n’est dupe. En plus d’aborder son sujet de manière superficielle, il le fait très maladroitement en diabolisant les personnes qui en sont atteintes (prenez un shot à chaque fois que notre psychiatre au bord du gouffre crie « I’m not crazy! » [sic]). C’est plutôt paradoxal, parce qu’on apprécie le ton badin de la production qui ne se prend — heureusement — pas au sérieux, mais le sujet qu’il aborde, en contrepartie, l’est diablement. En s’amusant d’ailleurs à analyser attentivement la proposition, son issue devient presque scandaleuse.
Mais avouons que personne n’y était vraiment pour le scénario. Le public à la recherche de quelques jump scares bien placés trouvera son compte dans le premier tiers de Smile. La production enchaîne les sursauts de manière on ne peut moins subtile, mais très amusante, notamment grâce à son usage original d’effets sonores forts en basses et en crépitement inquiétants. C’est lorsque l’enquête routinière sur ces atroces suicides se met en branle que nos rictus se transforment rapidement en bâillements. Smile emprunte les mécaniques de It Follows et The Ring pour un résultat affreusement paresseux et prévisible.
C’est d’ailleurs le principal défaut du film : cette impression constante de déjà vu. Smile abuse en effet des séquences de rêves éveillés jusqu’à l’indigestion. Ces revirements sans envergure deviennent en quelque sorte une attaque directe à l’intelligence du cinéphile qui aura déjà consommé un ou deux films d’horreur dans sa carrière.
Sosie Bacon (Scream: The TV Series) s’en sort bien malgré les clichés qu’engendre son personnage. On ne peut en dire autant de Jessie T. Usher, dans un rôle aussi infect que son A-Train de The Boys. L’acteur semble vouloir prendre ses jambes à son cou alors que son langage non verbal transpire le malaise.
On le savait avant de s’y rendre : Smile est un divertissement trèèès léger, qu’on consomme distraitement et qu’il vaut mieux ne pas trop disséquer. Dommage seulement que notre niveau d’amusement se soit résumé à 😐.
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