COVID-19. Distanciation sociale. Couvre-visage. Ce nouveau vocabulaire acquis au cours des derniers mois inspire le premier d’une série (on imagine) de nouveaux métrages à saveur pandémique. Le cinéma d’horreur avait déjà connu son premier film «conçu» durant confinement avec l’infâme Corona Zombies; maintenant, Hollywood nous présente sa première vraie production entièrement tournée durant ce contexte particulier: Songbird (Phénix).
2024. Le virus que nous combattons présentement a muté vers une forme encore plus agressive, forçant le gouvernement américain à instaurer des camps de concentration pour les malades. Certaines personnes immunes reçoivent désormais une certification sous forme de bracelet, leur permettant de vaquer librement pendant que le confinement est obligatoire pour tous, sous peine de se retrouver fusillé sur le champ — rien de moins. C’est notamment le cas de Nico, un messager qui ne peut avoir de contacts physiques avec sa petite amie Sara, mais devra bientôt tenter de la sauver avant qu’elle ne soit amenée très loin.
Songbird est peut-être produit par le roi des blockbusters, Michael Bay, mais n’espérez pas les scènes d’action abracadabrantes et les paysages post-apocalyptiques débordants de CGI typiques de ses productions. Ses visuels lo-fi rappellent d’ailleurs davantage une autre pandémie: celle de 28 Days Later. Les images compressés des cellulaires, le montage saccadé et les scènes surexposées, jusqu’aux cadrages kamikazes; tout lui donne un aspect réaliste similaire. Toutefois, il n’est pas question des «infectés» ici et la comparaison au film de Boyle s’arrête au niveau de l’esthétique.
En effet, même si les prouesses techniques s’orchestrent assurément derrière la caméra au niveau de la logistique des protocoles de sécurité, le récit qui se développe sous nos yeux n’impressionne pas outre mesure. Les termes sont peut-être nouveaux, mais la mécanique et les enjeux demeurent les mêmes alors que le scénario nous présente un thriller excessivement convenu, pourtant peu haletant et truffé de situations invraisemblables.
Les cues musicaux beaucoup trop appuyés nous dictent encore quand s’émouvoir, mais doit-on réellement verser une larme lorsqu’un second rôle avec trois lignes de dialogue au script rend l’âme? La courte durée (84 minutes) n’aide en rien à développer ces personnages qui choquent par leur grossièreté ou laissent simplement de glace. C’est entre autres le cas de K.J. Apa (Riverdale) dans le rôle principal, qui livre une interprétation aussi beige que routinière en tant que livreur de paquets séduisant. Les plus expérimentés Demi Moore (Corporate Animals) et Bradley Whitford (Get Out) intéressent et en imposent davantage en couple de maniganceux au bord du gouffre.
Malgré tout, Songbird demeure «regardable» pour ceux qui seront à la recherche d’un très léger divertissement à voir ce week-end sur les rayons virtuels anémiques de la vidéo sur demande. À condition, bien sûr, que les spectateurs aient envie de se divertir en regardant une production qui les replonge directement dans leur propre petit enfer déjà vécu au quotidien.
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