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[Critique] « Strange Darling » : un casse-tête envoûtant pour public averti

Depuis quelques années, il y a un renouveau dans le genre horrifique. Des films comme Barbarian et Midsommar reprennent certains codes connus du cinéma d’horreur pour les retourner et surprendre le public. Le cinéaste J.T. Mollner est le dernier à tenter le coup avec Strange Darling (Séduire la mort), un thriller romantique où rien n’est ce qu’il paraît.

Une femme (Willa Fitzgerald, The Fall of the House of Usher) est pourchassée sans relâche par un homme armé d'un fusil à pompe (Kyle Gallner, Smile). Alors qu'elle fait tout pour survivre, le film revient sur leur rencontre et les raisons réelles de cette poursuite...
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Strange Darling est présenté comme un thriller en six chapitres dont l’histoire nous est racontée dans le désordre, en commençant par son milieu. L’idée est de manipuler le public quant aux motivations de certains personnages, tout en dévoilant de grandes révélations sur eux plus tard dans le film. L’idée pourrait offrir un excellent film casse-tête, mais ne fonctionne au final que si l’on accepte de ne pas remettre en question le scénario et les raisons de ce choix. En effet, une fois que l’on se demande pourquoi le film est structuré ainsi, il n’y a qu’une seule réponse possible, ce qui rend une révélation majeure du récit extrêmement prévisible.

Pour le reste du scénario, on a droit à des personnages très solides, aux interactions parfaitement crédibles. Les dialogues sont d’ailleurs d’une grande qualité, et bien que l’on sente l’inspiration directe à ceux de Quentin Tarantino, ces derniers ne sont jamais trop exagérés et on parvient à s’y investir pleinement. Le tout est soutenu par deux performances centrales excellentes de Kyle Gallner et de Willa Fitzgerald. L’actrice est d’ailleurs sans aucun doute le cœur du film, qu’elle porte sur ses épaules avec un grand talent et un charisme magnétique qui nous captivent à chaque mot et mimique de son personnage.

La plus grande force du métrage réside toutefois dans sa sublime direction artistique qui, grâce aux couleurs vibrantes et aux décors remplis de personnalité, donne à l’univers de Strange Darling un aspect un peu hors du temps, dans lequel on aurait envie de se perdre malgré sa grande violence. Cette violence, d’ailleurs très amusante, est mise en scène avec de solides effets pratiques.

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C’est vraiment au niveau des thématiques que le bât blesse. Le film de Mollner veut aborder les difficultés du dating hétérosexuel moderne, tant du côté masculin que féminin. Par exemple, une longue séquence dialoguée dans laquelle un couple, lors d’un premier rendez-vous, tente d’évaluer les intentions de l’autre personne sans la froisser ou être trop maladroit. La scène est sincèrement très amusante à regarder, et on peut rapidement s’identifier aux personnages. Le problème survient néanmoins lorsque Strange Darling emprunte une direction profondément sexiste et misogyne une fois toutes ses pièces mises en place. Il est difficile d’aborder cet aspect sans donner d’indices pouvant divulgâcher cet élément, mais on a vraiment l’impression que le réalisateur et scénariste est de ces hommes qui refusent de croire les victimes et se rangent souvent derrière le hashtag #NotAllMen. Bref, cela rend le produit final terriblement frustrant et parfois rageant à visionner.

Au final, malgré ses innombrables et indéniables qualités cinématographiques, Strange Darling peut rapidement devenir difficile à supporter à cause de ses thématiques centrales et de la prévisibilité de son récit. Mais si ces aspects ne vous posent pas de problème, vous passerez un excellent moment devant le film qui deviendra sans doute culte dans le futur.

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