Le culte entourant la première mouture de Street Trash venait possiblement de notre surprise face à cette combinaison de saleté omniprésente et de gore gratuit. On peut aimer le film pour ses outrances, certes, mais le résultat n’en est pas moins assez pauvre.
Il faut bien avouer que hormis la séquence où un protagoniste pourchasse son pénis jusque dans une partie de football, cette incursion de 1987 dans les dépotoirs n’avait pas grand-chose à dire. Pourtant, l’idée d’associer ce concept à l’intelligence du cinéaste Ryan Kruger, responsable de l’inoubliable Fried Barry en 2020, à cette nouvelle mouture était assez alléchante.
Se déroulant en Afrique du Sud en 2050, cette suite au premier long-métrage raconte l’histoire d’un gouvernement corrompu qui décide de se débarrasser des personnes sans domicile fixe en utilisant un produit chimique meurtrier.
Faisant office de suite et de remake, ce nouveau film essaie de respecter l’aura du premier film, en y injectant une bonne dose de critique sociale. Les scénaristes comprennent qu’en 2024, il est impossible de causer le même genre de malaise avec des images de corps humains qui bouillent et explosent de façon grotesque. Le public en a vu d’autres.
Ils proposent donc de reprendre et de plaquer plus frontalement ce thème des opprimés pauvres contre les méchants riches. C’est comme si en essayant d’injecter trop de messages sociaux, on dénaturait tout de même cette gratuité de l’original, où cette guerre au capitalisme n’était qu’un simple prétexte à dégouter les spectateur·trice·s. Le récit est éparpillé inutilement et l’humour y est plus hystérique que réellement drôle. Les observations sociales auraient pu être valables, mais elles demeurent brouillonnes et désuètes.
La réalisation de Ryan Kruger est acceptable pour le genre, mais ne cartonne pas outre mesure. Son travail consiste en partie à filmer des éclatements corporels assez bien huilés, mais moins crades et poisseux que ceux du film original. Les interprètes de leur côté grimacent avec énergie, ce qui convient au ton du film.
Même si on ne pouvait pas s’attendre à une relecture majestueuse de ce film bancal, ce nouveau Street Trash demeure décevant. Non seulement le résultat est moins choquant pour l’œil, mais on soupire plus qu’on y rigole.
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