dave grohl studio 666
Dave Grohl dans STUDIO 666. Crédit: Andrew Stuart / Open Road Films

[Critique] Studio 666: possédé par le rock

D’emblée, l’idée d’une comédie horrifique imaginée par ET mettant en vedette nul autre que Dave Grohl, icône du rock alternatif contemporain, accompagné de ses Foo Fighters, intrigue, titille, excite. Et ce, même pour les non-fans du susmentionné groupe, le charisme de l’ex-batteur de Nirvana étant indéniable. À la réalisation de Studio 666 (en salle dès le 25 février), on retrouve BJ McDonnell, à qui l’on doit Hatchet III et le moyen métrage horrifique The Repentless Killogy, mettant en vedette Slayer, l’un des plus grands groupes métal ever. Comme McDonnell est aussi un caméraman/cadreur bien en vue à Hollywood ayant travaillé avec des pointures de notre genre préféré (comme Joe Dante, William Friedkin et Rob Zombie), on était en confiance. En plus, c’est un maudit bon gars (et notre invité du mois sur Métal Maniaques!). Et ça raconte quoi au juste?

On y suit une bande de potes se rendant dans une habitation poussiéreuse et isolée, qui vont rapidement devoir faire face à de démoniaques entités, après avoir fait jouer un enregistrement dans l’inquiétant soubassement. Évidemment, on se doute que ça sera salissant et que ça finira en démembrement. 
Studio 666 affiche film

Avec une telle prémisse rappelant celle d’un classique du genre comme Evil Dead (le deuxième du nom, pour le budget et le ton), il est clair que le plan n’était pas du tout de réinventer la roue ni de se prendre trop au sérieux, non. Ici, on est plutôt en mode comédie rock (i.e. Spinal Tap, Wayne’s World), tout en respectant le genre au plus haut point. Donc, au lieu de retrouver de traditionnels fêtards dans une cabine dans les bois, ça va plutôt comme suit:

Pour enregistrer leur nouvel album, un groupe de musiciens chevronnés souhaite aller se cacher dans un vieux manoir à Encino, en banlieue de LA. Cependant, depuis près de trente années, l’immense bâtisse serait hantée par des esprits meurtriers...

OK, mais, au-delà des clichés assumés (et de tous les désopilants retournements de situation), est-ce que ça fonctionne, la sauce prend-t-elle? En deux mots, fuck oui. Car on répond présent aux deux principales interrogations, soit: est-ce que c’est sanglant ET marrant? Deux pouces par en haut. Oh que oui. Surtout si on aime autant l’horreur comique que le rock.

Histoire à mourir debout

Et on se bidonne solide, comme l’humour fait mouche la plupart du temps. Les blagues sont parfois grivoises ou ridicules (le raton!), bourrées d’autodérision, tant sur la culture grunge (leurs high-fives sont mémorables) que sur l’égo surdimensionné du leader des FF — qui a été fort bien documenté dans Back and Forth (2011). Étant de toutes les scènes, Grohl est littéralement en feu, habité par cette version exagérée de lui-même, littéralement possédé par le rock, dans cette espèce de slasher surnaturel, qui nous rappelle par moment l’esprit de ce bon vieux Thriller (mais sans les chorégraphies de zombies).

Mention spéciale au claviériste Rami Jaffee (ex-The Wallflowers), qui s’amuse comme un p’tit fou dans le rôle du nigaud de service au sang chaud. Il y a aussi la contre-performance des autres non-acteurs composant le groupe (une grosse gang de chums), soit le bassiste Nate Mendel, le guitariste Chris Shifflett, le batteur Taylor Hawkins et en particulier le guitariste Pat Smear (ex-Nirvana, Germs), qui joue aussi bien que Jerry Seinfeld. Inoubliable.

Studio 666 image film

En plus de quelques autres musiciens dans d’hilarants caméos (dont Bob Balch de Fu Manchu, Kerry King de Slayer et Lionel Ritchie!), on y retrouve aussi de vrais comédiens, incluant Jeff Garlin (Curb your Enthusiam), dans le rôle d’un exécutif de label joyeusement malengueulé, ainsi que Will Forte (SNL, The Last Man on Earth, Scoob!) et l’humoriste Whitney Cummings (la sitcom Whitney), tous deux pissants dans les rôles du livreur fanboy et de l’énervante voisine, respectivement.

Au local de pratique

Au rayon maquillages et animatroniques, nous avons le légendaire Tony Gardner (Chucky, Army of Darkness, Darkman) et son studio de SFX Alterian, qui retrouvent McDonnell après Repentless. Et du gore, il y en a en masse. On parle de décapitation, électrocution, carbonisation, éviscération, vivisection, explosion… principalement en effets pratiques, avec ou sans scie mécanique, sur fond de distorsion (excusez-la). On a même droit à une magnifique séquence cauchemardesque qui transpose presque sur la rue Elm la surréelle couverture de Sabbath Bloody Sabbath.

Comme c’est véritablement un film fait par des fans pour les fans du genre, les références à des classiques sont plurielles. En vrac, on sourit en reconnaissant des clins d’œil à ou l’influence de films comme The Exorcist, The Shining, The Burning ou au cinéma d’horreur italien (Suspiria, Demons, Zombie), en passant par des révérences aux grands maîtres du genre (les John Carpenter, Wes Craven, Tobe Hooper et même les frères Coen!). Faites-en un drinking game!

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Musique, maestro!

Côté trame sonore, pour appuyer le score de Roy Mayorga (Soulfly, Stone Sour, Ministry), on a même engagé une légende ultime pour composer le thème du film, soit l’immense Carpenter et son groupe de prog rock. Et y’a même un peu de Gojira, Slayer et Motörhead ici et là. Étonnamment, on n’a pas abusé de Medicine at Midnight (2021), le plus récent disque des FF, qu’ils avaient justement enregistré dans la même gigantesque maison avant d’enchaîner avec le tournage du long-métrage juste avant le début de la pandémie.

Dream Widow image

L’excellente chanson centrale du film, l’inédite Lacrimus De Ebrius, est une pièce épique et résolument sombre de 13 minutes, mélangeant stoner rock, doom, punk et black metal avec brio. L’instrumentale a été composée par Grohl, qui a aussi joué tous les instruments, pareil comme en 1994 avec le disque éponyme des FF. Trop cool que Grohl ait tapé dans cette veine plus métallique alors qu’est maintenant disponible le premier simple du groupe «fictif» Dream Widow, le fameux groupe qui hante le film, dont l’album doit paraître sous peu!

Au final, on lève notre chapeau à McDonnell, qui a su livrer la marchandise avec ce beau petit film vraiment fun, dynamique et sans temps mort, incluant plusieurs séquences inspirées (i.e. les flashbacks monochromes, les apparitions, la finale) et beaucoup de franche rigolade, de gros riffs et de gore. On s’y amuse en maudit, qu’on soit fan de FF ou pas.

Note des lecteurs9 Notes
Points forts
L’humour (on rit beaucoup et fort!)
La profusion d’effets spéciaux pratiques.
Le fun global du projet.
Points faibles
La performance de non-acteurs (ce qui rend étrangement le tout encore meilleur!).
La surabondance de références (qui pourrait en rebuter certain.e.s).
3.5
Note Horreur Québec

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