Au courant des années 90, l’anthologie Tales from the Hood de Rusty Cundieff et Darin Scott fut l’un des rares films d’horreur à s’intéresser aux préoccupations politiques de la communauté afro-américaine. Inspiré par l’esprit des EC Comics, comme plusieurs anthologies de cette période, le film propose des histoires suivant la bonne vieille logique (judéo-chrétienne) de l’arroseur arrosé. Ce sont des policiers, membres de gangs de rue et magiciens du Ku Klux Klan qui goûtent ici à leur propre médecine. Dans le rôle du «gardien de crypte», Clarence Williams III excelle.
Il aura cependant fallu patienter 23 ans pour que Universal daigne nous offrir une suite à ce film culte. Bien que Tales from the Hood 2 ait conservé l’esprit du film original et su divertir son public cible, le projet semble aussi avoir été mis sur pied avec le budget que son studio alloue pour nourrir l’équipe de production du prochain Jurassic World. Tales from the Hood 3 doit également vivre avec ce genre de contraintes financières. Malgré tout, Cundieff et Scott semblent cette fois plus à l’aise pour en tirer un film divertissant.
Ce nouveau film rassemble quatre histoires. Entre les segments, on passe du temps avec un homme (Tony Todd) et une petite fille (Sage Arrindell) qui fuient une menace inconnue. Pour se distraire, la gamine raconte des histoires d’horreur à son aîné.
Le premier segment glissera aussitôt les fans du genre dans de confortables pantoufles. Un propriétaire d’immeubles veut passer son bloc appartement miteux au bulldozer pour le remplacer par un luxueux projet immobilier, mais les parents d’un enfant cancéreux refusent catégoriquement d’être expropriés. Vous pouvez sans doute écrire la suite de l’intrigue dans votre tête, mais ça fait partie du charme de l’affaire. Ce segment se démarque par la qualité de ses dialogues et de son interprétation, une constante tout au long de Tales from the Hood 3. Le film sait installer une tension dramatique avant de se déchaîner lorsqu’il punit ceux qui le méritent.
La seconde histoire nous amène auprès d’un MAGA convaincu qui ventile ses frustrations à l’intérieur de son bunker. Le segment verse dans la caricature outrancière et le burlesque. On renoue avec la marque de comédie noire vindicative de Rusty. L’ensemble fonctionne grâce à une performance d’acteur divertissante, qui n’hésite pas à se mettre en danger…
Les troisièmes et quatrièmes histoires sont quant à elles centrées sur des malédictions qui affligent respectivement une jeune choriste prête à tout pour accéder à la popularité et un voleur (incarné par le Montréalais Patrick Abellard) qui tue par accident l’une de ses victimes. Tales 3 emploie alors davantage d’effets spéciaux, qui s’ils ne sont pas tout à fait convaincants, s’harmonisent à la perfection avec le ton excessif du projet.
C’est peut-être l’air d’octobre qui nous met d’humeur, mais un film outrancier comme Tales from the Hood 3 est très à sa place dans le mois de l’Halloween. On aimerait bien que la franchise passe dans le giron de Blumhouse pour un éventuel reboot, mais d’ici là on continuera d’apprécier les délires engagés, revanchards et vaguement fauchés de Rusty et Darin.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.