[Critique] Tar: ce monstre qui fit fermer nos yeux

Plusieurs travailleurs se voient pris au piège d’un bâtiment alors que la construction d’une ligne de métro a libéré un monstre sanguinaire.

Tar est maintenant disponible en vidéo sur demande. Agissant ici comme coscénariste, réalisateur et tenant l’un des premiers rôles, le multidisciplinaire Aaron Wolf propose un récit qui oscille entre horreur et humour.

Reprenant un peu les canevas de Dawn of the Dead ou The Mist, où une poignée d’individus s’enferment dans un lieu public pour se protéger d’une menace, ce nouveau long-métrage opte pour une menace souterraine. Ce n’est pourtant pas ici qu’on trouvera une virulente critique de la consommation, ou encore ce microcosme de la société que Frank Darabont avait reconstruit dans un supermarché.

Si le but était de nous proposer une vision symbolique du monde, on aurait pu au moins essayer de nous distraire. Sans être un ratage total, le scénario génère une multitude de temps morts inutiles. Il massacre aussi certains détournements entre les genres et peine à être vraiment drôle ou moindrement terrifiant. La trame devient monotone et sans surprise. Comme les personnages manquent d’ampleur, notre indifférence à leur égard donne naissance à une annihilation presque totale du suspense.

À la réalisation, Wolf offre un travail aucunement subtil, comportant toutefois quelques passages acceptables. Il livre un produit qui a au moins le mérite d’être un film et non pas un énième found footage, trop souvent offert sur les plateformes. Tar n’est pas tourné avec un vieux caméscope retrouvé dans un garage, comme le sont trop de vidéos sur demande. Le cinéaste aurait toutefois eu avantage à orienter son récit davantage sur l’horreur plutôt qu’à pousser certains acteurs vers un cabotinage faussement comique.

En revanche, il faut bien avouer qu’à travers une distribution disparate, Timothy Bottoms (The Shed, The Last Picture Show) et Wolf lui-même tirent assez bien leur épingle du jeu.