Thanksgiving (Action de grâce) est le film qu’espéraient le plus les fans de slashers depuis la fameuse fausse bande-annonce présentée dans le programme double Grindhouse de Quentin Tarantino et Robert Rodriguez en 2007. Pourtant, le cinéaste Eli Roth avait pensé au concept lorsqu’il était jeune après avoir été témoin de réjouissances excessives pendant cette fête. Après toutes ces années, le film tant attendu arrive enfin en salle.
Un an après une émeute sanglante dans un grand magasin lors du Black Friday, un mystérieux tueur costumé en pèlerin s’en prend sauvagement aux clients présents lors de l’événement fatidique.
À travers une trame en apparence simpliste qui se veut un calque des slashers d’antan, Eli Roth et son scénariste Jeff Rendell s’offrent une virulente critique de cette commercialisation de Noël, palpable à l’Action de grâce notamment avec le «vendredi fou». Le plus dérangeant de cette satire, c’est qu’elle ne semble pas si caricaturale quand on pense aux nombreux faits divers complètement déments survenus lors de cette journée de ventes.
Il n’en reste pas moins que cette course aux rabais devient une véritable séquence d’anthologie qu’on n’est pas prêts d’oublier et qui trouve un adversaire de taille dans la séquence du repas traditionnel, tout aussi mémorable. Il est dommage toutefois qu’à la différence des classiques Scream, Happy Birthday to Me et My Bloody Valentine, que le film pastiche, les personnages soient plus interchangeables et sans grande épaisseur. Après tout, le but est de nous donner des dindons à désosser et la balade en est ici que peu ralentie.
La réalisation inspirée de Roth compense largement en nous offrant des meurtres aussi atroces qu’originaux. En dansant habilement sur des codes connus, certes, mais régurgités avec humour et panache, le réalisateur de The Green Inferno est en pleine possession de ses moyens. Très loin du ton cru adopté dans Hostel, Thanksgiving est une sorte de «feel-good movie» horrifique. Rythmé et sans temps mort, l’ensemble est très divertissant et propose littéralement l’un des meilleurs films d’horreur de l’année. Si les puristes trouveront peut-être dommage que le cinéaste ait dérogé de l’esthétique à l’image granuleuse et aux éclairages glauques des années 1980, cette décision lui permet toutefois de se dissocier du mandat entièrement parodique de la bande-annonce fictive.
S’ils offrent tous un jeu correct, aucun membre de la distribution ne se démarque réellement. Il faut dire que la plupart des acteurs ont pour seul objet d’augmenter la boucherie et qu’ils sont loin d’avoir du Shakespeare à réciter.
Qu’à cela ne tienne, le film a le mérite de s’affranchir de toutes ces règles psychologiques et solennelles que véhicule souvent le cinéma d’horreur d’aujourd’hui pour nous donner un véritable long-métrage d’épouvante qui ne cherche pas à cacher ce qu’il est derrière un postulat intellectuel. Malgré ses imperfections, parions que Thanksgiving s’inscrira maintenant au calendrier de visionnement annuel des fans.
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