En 2004, Anthony Timpone, Patrick Moses et Kevin Kaufman nous ont livré une docusérie en cinq épisodes intitulée The 100 Scariest Movie Moments, qui mettait à l’écran les cent scènes de films les plus affolantes de l’histoire du cinéma des années 1960 à 2000. Le répertoire allait au-delà des films d’horreur et donnait place à des moments terrifiants offerts dans des thrillers, des drames et même dans une comédie musicale (The Wizard of Oz)! Pour commenter le tout, la réalisation donnait la parole à Wes Craven, Bruce Campbell, Rob Zombie et plusieurs autres.
Cette année, Shudder nous présente sa liste (plus un!) de moments cinématographiques terrifiants avec The 101 Scariest Horror Movie Moments of All Time. Mike Flanagan (Midnight Mass, The Haunting of Hill House), Joe Dante (The Howling), Kate Siegle (Hush, The Haunting of Hill House), Andy Muschietti (It), Samuel Zimmerman (curateur de films pour Shudder), pour n’en nommer que quelques-uns, font partie de la brochette impressionnante de passionnés de l’horreur qui offrent leur expérience et expertise pour commenter, voire disséquer, les scènes de films qui ont marqué notre imaginaire et teinté nos cauchemars. Toutefois, on met ici les pieds uniquement dans la baignoire sanglante de l’épouvantable et on s’éclabousse gaiement du début à la fin.
Alarmant décompte
Scindé en huit épisodes, le documentaire voyage à travers plusieurs décennies dans un va-et-vient qui permet de découvrir, mieux connaître ou se remémorer une tonne de films. Gore, cinéma dérangeant, métrages en noir et blanc, histoires de fantômes ou de tueurs en série, aucun sous-genre n’est épargné. La série se permet même une brève incursion dans les séries télévisées Twin Peaks et The Haunting of Hill House pour nous parler d’un de leurs épisodes particulièrement sinistre et marquant.
The 101 Scariest réussit à nous accrocher tout particulièrement par son choix réfléchi d’extraits qui nous plongent tête première dans l’ambiance de chacun des films du palmarès. Il faut bien évidemment s’attendre à ce que soient divulgâchés plusieurs «punchs» et même finales, car bien que les interventions soient principalement axées sur la séquence la plus troublante, une mise en contexte est nécessaire pour nous faire comprendre comment et pourquoi cette scène précise s’insère à merveille (et horreur!) dans l’entièreté du film.
Autopsie de l’horreur
La production se permet aussi de comparer les moments les plus poignants de certains films à des instants du genre mis à l’écran dans d’autres réalisations. Qu’un appel à la frousse ait été exploité bien avant ou encore répété maintes fois par la suite, des liens sont tissés entre plusieurs films. Par exemple, les explosions crâniennes (Scanner) sont à l’honneur dans ses diverses formes, de même que l’exploration des jumps scares finaux (Carrie) qui nous laisse un doux goût amer juste avant de faire défiler le générique.
Chacun des 101 choix est brillamment expliqué et on ne peut que comprendre pourquoi la scène a sa place dans la liste. Au-delà de la simple terreur obtenue, on nous livre les raisons de l’efficacité de ces moments cruciaux, et ce, au point de vue technique, cinématographique, social, culturel et émotionnel. Le mélange d’intervenants de tout horizon permet des points de vue variés et un ton plus «universel». Bien qu’il soit captivant d’avoir l’avis d’un réalisateur, d’un producteur ou d’un créateur d’effets spéciaux, il est tout aussi intéressant d’entendre des critiques plus légères, au cours desquelles les films sont racontés comme une expérience personnelle, au même titre que nous l’aurions vécu. En ce sens, l’avis de Joe Truglio (Brooklyn 99) ou Kevin Eubanks (guitariste et compositeur jazz) semble de prime abord plus ou moins pertinent, mais on se reconnaît au final parfaitement dans leurs propos et on peut facilement acquiescer.
La docusérie se permet de retourner loin en arrière (Nosferatu, 1922; The Phantom of the Opera, 1925), donne une place à des réalisations qui n’ont pas nécessairement fait l’unanimité (Doctor Sleep, Final Destination 2, Us) et préfère les films originaux aux reprises ([REC], Ju-On, Ringu). Si ces derniers exemples sont moins votre tasse de thé, gardez en tête qu’il ne s’agit pas ici d’un décompte des meilleurs longs-métrages, mais bien d’une sélection des instants clés, des quelques minutes/secondes horrifiantes, déstabilisantes, ingénieuses qui ont réussi à faire parler, à soulever les passions et souvent même à influencer des gens de l’industrie qui ont par la suite voulu s’en inspirer et peut-être espérer faire encore mieux! Il faut également garder l’esprit ouvert et accepter que nos moments préférés ne fassent peut-être pas la liste ou n’aient même pas une mention en parallèle. Par exemple, quel bonheur de voir que Sinister a sa place, mais dommage que Gonjiam Haunted Asylum, qui nous a livré l’une des scènes les plus horrifiantes de l’histoire du found footage, ait été oublié!
The 101 Scariest Horror Movie Moments of All Time sait incontestablement captiver l’attention continue de son auditoire et offre fébrilité à celles et ceux qui ont hâte (hâte hâte!) de voir la suite. On prend un malin plaisir à contempler, analyser, apprendre et se faire surprendre. À voir… absolument!
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