Différents incidents inquiétants surviennent dans un immeuble où l’on vient d’installer la toute nouvelle antenne de télévision en vogue. Et d’où provient cette matière noire visqueuse?
The Antenna est le premier long-métrage du cinéaste turc Orçun Behram, dorénavant disponible en vidéo sur demande. Malgré ses imperfections, il faut bien admettre que ce premier film maîtrise avec aisance l’art de la métaphore. On a l’impression que la construction scénaristique a comme objectif ultime de dépeindre une allégorie politique. De ce fait, le scénario, également signé par Behram, ne devient qu’une échappatoire pour coordonner visuellement des idées.
L’action est ancrée dans une réalité alternative et le spectateur a le rôle de se forger son propre casse-tête de l’ensemble. Que se passe-t-il réellement dans cet immeuble et que signifie la présence de ce liquide goudronné? Ce liquide visqueux, conséquence de l’installation de ce satellite maudit, semble accentuer les faiblesses des personnages au point de les engloutir. Circulant dans la tuyauterie comme le sang dans nos veines, il contamine et dépersonnalise les habitants. Loupe-t-on certains éléments sous prétexte que cette satire turque pointe du doigt des événements historiques qui nous sont moins connus? On est porté à y croire tellement le message semble limpide.
Difficile de ne pas avoir en tête cet autoritarisme qui a remplacé lentement la démocratisation lors du régime du leader Recep Tayyip Erdogan. Cela dit, le film nous confronte à cette structure du pouvoir qui pourrait s’adapter à différentes situations, mais où l’homogénéisation de tous devient le résultat visé. Le building devient une allégorie du monde ou de la société. Ce détail est facile à saisir, mais l’ennui c’est que, malgré toutes ces bonnes intentions, il ne se passe que très peu de choses enivrantes dans cette histoire pour qui l’analyse est secondaire.
À la réalisation, Behram se veut toutefois exemplaire. Travaillant à la fois le son pour lui donner une concordance avec ses longs plans-séquences, il anime ce fluide meurtrier de manière à en faire un personnage. Le bâtiment qu’il arpente avec sa caméra donne cette impression d’après-guerre avec son apparence froide.
Au final, le spectateur est confronté à un film intéressant dont plusieurs tableaux auraient eu avantage à être peaufinés, mais où l’allégorie délivre une poésie hallucinante.
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