À la demande d’un ami de longue date qu’il n’a pas vu depuis dix ans et qui se dit mal en point, un jeune homme accepte de venir faire une visite à l’homme habitant une luxueuse demeure en compagnie de sa sœur jumelle. La complicité d’antan est pourtant dure à faire revivre puisque la maison et ses occupants sont de plus en plus bizarres.
The Bloodhound, dont les droits ont récemment été achetés par le distributeur Arrow, faisait cette semaine son arrivée en exclusivité sur sa plateforme en ligne. Patrick Picard a adapté librement la nouvelle The Fall of the House of Usher d’Edgar Allan Poe pour en façonner une sorte de délire moderne. C’est pourtant sa manière d’assembler une série de thèmes convoquant le cinéma de Joseph Losey qui transpire le plus du long-métrage. C’est notamment le cas de ses classiques The Servant et Secret Ceremony, où deux individus insatisfaits de leur sort en viennent à basculer dans un sentiment d’aliénation et d’asphyxie mentale. La fragilité émotionnelle, l’homosexualité latente, la cruauté mentale et physique et les jeux de pouvoir pervers sont au centre même du cinéma de Losey et nourrissent ce petit film lugubre tourné avec les moyens du bord.
Il va sans dire que le rythme de The Bloodhound est lent et que l’intériorité des personnages l’emporte sur les actions, mais le cocktail est des plus exquis. En 70 minutes, Picard a l’ingéniosité d’aborder autant de sujets difficiles avec brio. Dommage tout de même que la finale soit aussi précipitée et que l’ambiguïté qui en découle propose une ardeur symbolique discutable.
Pour sa première réalisation, Picard surprend par l’efficacité avec laquelle il remue son huis clos, sachant user de ses décors glacials et des plans adéquats pour nourrir une inquiétude chez le spectateur. Il fait preuve d’une véritable direction d’acteur. Sous ses commandes, Liam Aiken (A Series of Unfortunate Events) est parfait en jeune naïf, face à un Joe Adler (The Maze Runner) délectable en névrosé.
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