Paru sur demande récemment, le film espagnol The Coffee Table (La mesita del comedor) a suscité de fortes réactions dans sa tournée des festivals et au sein de la communauté horrifique en ligne. Qualifié de « film le plus dérangeant de l’année » et « d’expérience brutale », la réalisation de Caye Casas (Matar a Dios) réussit à marquer notre imaginaire au fer rouge grâce à une trame qui gagne brillamment en anxiété et en stupeur à chaque seconde qui passe, une montée vertigineuse qui ne peut que connaître une réelle descente aux enfers.
Un couple de nouveaux parents achète une table à café. Ce simple achat fera basculer leur vie de façon inattendue. Pour le reste : à vous de découvrir…
Départ léger, lourd de conséquences
Le synopsis somme toute simple et le ton de départ ne va pas sans rappeler les techniques utilisées pour les courts métrages d’horreur, dans lesquels on part parfois de rien (comme un meuble) pour débouler à grande vitesse vers un dénouement qui frappe de plein fouet, laissant ébahi, choqué ou tout simplement dégoûté. Toutefois, l’aventure brève de ces petits formats aide à reprendre son souffle plus rapidement…
C’est là où réside la force de The Coffee Table, qui tire profit de ne pas avoir raccourci sa durée pour en faire une courte histoire. Le manque d’oxygène induit par le scénario dure et perdure, nous serrant la gorge sans relâche après seulement quinze petites minutes d’introduction. Les quelque 75 minutes qui suivent servent à créer la tension horripilante et insupportable qui caractérise le film et le place aussitôt dans une catégorie à part.
La cinématographie utilise très souvent des plans serrés qui nous placent directement au cœur de l’action, nous rendant (bien malgré nous) complices des événements. Les différents personnages qui se joignent à l’histoire en cours de route, tels que le vendeur, le frère ou la nouvelle belle-sœur, apportent, quant à eux, une touche supplémentaire au récit et accentuent cet équilibre précaire entre ce qui est visible et ce qui est dissimulé.
Que ce soit lors de conversations plaisantes ou malaisantes, de malentendus ou de situations banales du quotidien, les interactions qui ponctuent le film se déroulent toutes sur une toile de fond horrifiante, sans que quiconque (ou presque) ne sache ce qui se trame. Cela donne lieu à des dialogues qui ajoutent un ton « humoristique » au film, lui conférant ainsi sa cote de comédie noire. Mais, détrompez-vous, The Coffee Table ne vous donnera pas l’occasion de vous taper sur les cuisses.
Mieux vaut ne pas savoir…
Difficile d’élaborer The Coffee Table davantage sans divulgâcher quoi que ce soit de crucial à l’histoire. Il est d’ailleurs fortement recommandé de ne rien lire avant de visionner le film afin de plonger avec stupéfaction dans l’effroi qui vous frappera de plein fouet. Pensons à des titres comme Barbarian qui n’auraient tout simplement pas été les mêmes expériences si nous avions su ce qui nous attendait au bout du compte… ou en bas des escaliers. La comparaison s’arrête cependant ici : le film de Casas n’a aucun point commun avec celui de Zach Cregger, ni avec la majorité des films d’horreur d’ailleurs.
Ajoutons simplement que même si la performance des deux acteurs principaux est remarquable, que la trame sonore est juste à point et que le résultat réussit habilement à se glisser sous la peau pour s’y camper longtemps, force est d’avouer que The Coffee Table n’est définitivement pas pour tout le monde.
On se retrouve loin de l’univers de The Conjuring, des slashers à la sauce Scream ou de l’horreur graphique de la franchise Saw. The Coffee Table navigue plutôt dans l’horreur hautement psychologique qui nous pousse à réfléchir à des sujets qui n’auraient, volontairement, jamais effleuré notre esprit. Âmes sensibles, fort probablement s’abstenir.
Il faut en effet prendre quelques précautions quand vient le temps de choisir notre prochain film d’horreur. Cela nous évitera de vivre un potentiel cauchemar que nous regretterons amèrement. Comme lorsqu’il s’agit de choisir une nouvelle table à café…
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