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[Critique] « The Creep Tapes » : un psychopathe qui prend de mauvais plis

Après avoir été à la barre des deux premiers volets de Creep, petites pépites du found footage, le réalisateur Patrick Brice, accompagné de l’acteur et mascotte de la franchise Mark Duplass, propose désormais une suite légèrement différente à ses deux premiers films : la série The Creep Tapes, six courts épisodes d’environ une demi-heure, chacun d’eux explorant une intrigue où le fameux tueur en série de la franchise fait une nouvelle victime.

L’antagoniste de Creep est cet individu aux identités multiples qui, parcourant les petites annonces en ligne, y contacte ses différentes victimes, leur proposant un emploi, une demande de service rémunérée ou d’autres raisons variées. Systématiquement, des inconnus se présentent chez lui avec une caméra, filment leur rencontre pour des raisons diverses et le tueur prend un malin plaisir à les attirer dans sa toile d’araignée, en dévoilant toujours un peu plus sur sa personnalité, avant de les assassiner brutalement lorsque son instinct presque animal, personnifié par un horrible masque de loup, prend le dessus. La vidéo filmée avant (et pendant!) le meurtre est ensuite rangée dans une armoire avec les autres, comme un trophée de chasse.
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Les personnes déjà familières avec la franchise Creep auront rapidement fait le lien avec les quelques épisodes de The Creep Tapes, chacun identifiés avec le nom d’une victime et la collection de vidéocassettes du tueur qui étaient présentées dans les films. À l’époque, ces bandes vidéo indiquaient que le personnage de Mark Duplass n’en était pas à sa première traque; maintenant, on nous présente certaines des vidéos trouvées chez lui.

Le personnage de Mark Duplass, au cours des épisodes, est réellement le fil rouge qui donne à la série tout son intérêt. L’acteur incarne plus que jamais le psychopathe, creusant encore plus qu’auparavant son obsession pour le cinéma, son besoin d’être aimé et les imposantes variations d’humeur que la moindre anicroche peut lui conférer. L’interprétation de Duplass est la raison principale de regarder The Creep Tapes, puisque c’est son visage qui occupe l’écran à plus de 90 % du temps. Et par chance, il est tout aussi talentueux et malaisant qu’à l’origine. Mais puisque la majorité du public aura déjà vu les deux films précédents avant de consommer la série, l’effet de surprise et de nouveauté se sont déjà estompés et il ne reste plus grand-chose à se mettre sous la dent.

Avec sa durée très courte d’une trentaine de minutes par épisode, la série se permet de prendre plusieurs directions, essayant différentes propositions afin de dynamiser l’ensemble et donner un nouveau souffle à un concept qui n’aurait peut-être pas pu se permettre un autre long métrage conventionnel sans s’essouffler. Par contre, le format très expéditif, par définition, ne permet pas d’installer la tension et la frayeur aussi lentement et posément qu’un film et le résultat est souvent une escalade horrifique plus simple qui perd beaucoup en efficacité. Reproduire six fois le même schéma narratif sans réelle surprise (mis à part dans les deux derniers épisodes, qui sont nettement plus audacieux) crée une série qui s’essouffle et ne ressemble qu’à une pâle copie du phénomène des films originaux.

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The Creep Tapes (Saison 1, Épisode 1) – Crédit photo : Shudder

Par définition, The Creep Tapes, en présentant les images d’archives des autres victimes du tueur, ne peut se permettre de prendre une direction trop différente de celle des films, par souci de vraisemblance. Mais en proposant une suite d’intrigues pratiquement calquées sur celles de la franchise originale, on perd malheureusement en originalité, puis en intérêt, au fil d’une saison certes compétente, mais qui n’apporte que trop peu à ce qu’on connaissait déjà.

Par chance, les deux derniers épisodes de cette première saison semblent déjà emprunter des ressorts narratifs différents, en marge du reste. Peut-être a-t-on voulu, d’entrée de jeu, instaurer les mêmes codes que pour le reste de la franchise, question d’établir les règles pour un public qui n’aurait pas vu les films précédents? Quoi qu’il en soit, la suite de cette aventure peut être vue d’un bon œil, si l’équipe poursuit dans la direction qu’elle semble établir en fin de parcours. Avec un peu de chance, notre bon vieux Creep pourra nous surprendre un peu plus avec ses prochaines victimes!

Note des lecteurs0 Note
Pour les fans...
de la franchise originale
d'humour noir, cynique
de Mark Duplass en général
3
Note Horreur Québec

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