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[Critique] « The Deliverance » : Lee Daniels conjure un autre film de possession déprimant et inefficace

Même si les films d’horreur « inspirés d’une histoire vraie » n’ont plus exactement la même portée qu’à l’époque pré-Internet, les adeptes de surnaturel et de titres à la The Conjuring avaient de quoi espérer avec The Deliverance (La Délivrance), qui paraît aujourd’hui chez Netflix.

En effet, le film s’inspire du cas de hantise de la famille Ammons, également connu sous le nom de Demon House, survenu en Indiana en 2011 et assez réputé dans le milieu du paranormal. L’équipe derrière la production était aussi plutôt prometteuse. On parle entre autres de Lee Daniels à la réalisation, nommé pour deux Oscars en 2014 avec Precious, et de Glenn Close, Andra Day et Mo’Nique devant les caméras. Finalement, le géant du streaming a allongé 65 millions de dollars américains pour mettre la main sur le titre convoité lors d’une guerre d’enchères entre sept studios. Ça pouvait juste être bon, non?

Ebony Jackson (Andra Day) a plusieurs défis à relever. La jeune femme peine à trouver l'équilibre entre ses problèmes d'alcool, trois enfants à élever seule et les factures qui s'empilent. Alors qu'elle relocalise sa famille chambranlante dans une nouvelle maison — en compagnie de sa mère malade (Glenn Close), avec qui elle entretient une relation pour le moins houleuse —, Ebony découvre que les lieux sont peut-être hantés par une entité malveillante.
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Même si toutes les conditions étaient réunies, The Deliverance rejoint l’amoncellement sans cesse grandissant de films de possession qui ratent la cible, et pour plusieurs raisons. En voulant rendre le récit pourtant bouleversant d’une femme qui devra affronter ses démons dans l’espoir de sauver sa descendance, le scénario de Daniels, écrit en compagnie de David Coggeshall (Orphan : First Kill) et Elijah Bynum, s’enfarge dans bon nombre de clichés et ne parvient jamais à trouver le dosage habile entre drame et horreur.

La trame semble en apparence fraîche — une femme noire issue d’une union multiraciale hautement dysfonctionnelle — et tente de fouiller la dynamique familiale plus profondément qu’un traditionnel James Wan, mais cumule pourtant les situations télécopiées des dizaines de fois déjà dans des productions similaires (The Amityville Horror vient en tête), sans jamais parvenir à faire monter la tension dramatique.

C’est que les scénaristes ont visiblement pris leur sujet au pied de la lettre et, outre les traditionnelles chicanes de soupers, n’ont pas su offrir une véritable dimension humaine à leurs personnages. L’état psychologique des trois enfants, par exemple, qui se retrouveront pourtant les plus affectés par cette hantise, est complètement laissé dans le néant. Pendant ce temps, on insiste sur les difficultés de cette mère qui lève le coude et tente d’éviter sa travailleuse sociale avec toute la subtilité de Pazuzu dans un magasin de porcelaine.

La réalisation greffe aussi maladroitement à l’ensemble ses scènes horrifiques, comme si le montage avait été charcuté par un producteur désintéressé qui aurait joint le projet sur le tard. Visuellement, les quelques apparitions (ou disparitions) paraissent inachevées au niveau des effets spéciaux alors qu’aucune de ces maigres propositions spectrales ou démoniaques ne génère de réels frissons. Si l’ambiance ne fonctionne pour ainsi dire jamais, le récit n’élabore pas grand-chose non plus au niveau de l’historique de cette maison maudite.

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The Deliverance. (D à G) Andra Day dans le rôle d’Ebony et Anthony B. Jenkins dans le rôle d’Andre dans The Deliverance. Cr. courtoisie Netflix © 2024

Andra Day patauge tant bien que mal au cœur de cette distribution très inégale. Aunjanue Ellis-Taylor (The Color Purple 2023) dans le rôle d’une révérende un peu trop passionnée et Mo’Nique dans celui de la travailleuse sociale intransigeante en font parfois trop. À la défense de ces femmes, les dialogues qu’on leur procure sont très peu naturels. De son côté, Glenn Close amuse grâce à ses looks extravagants et les insanités qui coulent de sa bouche… L’ennui, c’est que The Deliverance n’est pas une comédie.

Si vous avez envie d’un énième film d’exorcisme, sans grands revirements et pour qui la foi s’avère encore être la seule lumière contre tous les maux de la Terre, The Deliverance est pour vous. Autrement, avec cette nouvelle exclusivité, Netflix conserve haut la main son titre de la plateforme la moins attractive en ce qui concerne les productions horrifiques intéressantes.

The Deliverance est disponible sur:
Note des lecteurs5 Notes
Pour les fans...
de films d'horreur religieux sur la reconquête de la foi
de Lucifer en personne, mais un peu fatigué
de Glenn Close en grand-maman sexy
2
Note Horreur Québec
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