The Devil’s Bath est le nouveau film du duo Severin Fiala et Veronika Franz, à qui l’on doit les incroyables Goodnight Mommy et The Lodge. Il va sans dire que le film se fait attendre encore plus depuis sa présence au 74e Festival international du film de Berlin, où il a concouru pour l’Ours d’or. Est-ce que le résultat est à la hauteur de nos attentes?
En Autriche, au XVIIIe siècle, une jeune femme remplie d’espoir face à la vie conjugale qu’elle débute avec son nouveau mari se voit buter à une série de désillusions. Sa belle-mère autoritaire et omniprésente lui rappelle ses maladresses pour tenir une maison, alors que le nouvel époux de qui elle espère des enfants ne semble pas adepte des devoirs conjugaux. L’insatisfaction et l’isolement de la jeune femme se transformeront bientôt en désespoir qui la poussera vers l’impensable.
Disons-le d’entrée de jeu, The Devil’s Bath est davantage un drame psychologique aux angles macabres qu’un pur film d’épouvante. Pourtant, si vous connaissez le travail des deux artistes qui ont écrit et réalisé cette petite perle, vous vous douterez rapidement que la mélancolie dont on traite se dirige lentement vers le cauchemar. Le scénario tire profit d’un sujet fort intéressant qui mélange à merveille les aberrances de la religion, la dépression et la pression sociale. Très lentement, les spectateur⸱trices sont témoin de la dégradation mentale de cette jeune femme. Le ou la cinéphile à la recherche de sursauts, de croque-mitaine ou d’esprits démoniaques devra vite se faire une raison. Ici, les horreurs sont le mal de vivre et la condition humaine.
Franz et Fiala recréent minutieusement les réalités rurales et difficiles de l’époque. Le rythme lent du film permet une multitude d’explorations toutes aussi fascinantes les unes que les autres. Qu’il s’agisse du travail physiquement exténuant auquel doit se soumettre la jeune mariée ou de ses errances en forêt, la caméra dissèque, analyse et prépare le public. Le climat d’oppression l’enveloppant est soutenu à merveille, alors que ce mal intérieur la ronge de plus en plus.
L’ensemble bénéficie également de la prestation intense de l’actrice et musicienne Anja Plaschg, connue sous le nom de scène Soap&Skin, qui, en plus de composer l’envoûtante musique pour le long métrage, campe cette jeune femme avec aplomb. À la fois vulnérable et glaçante, l’héroïne qu’elle incarne est tout en nuance.
Au final, The Devil’s Bath est un film lent et exigeant qui ne plaira certainement pas à toustes, mais qui n’en est pas moins une véritable pépite.
The Devil’s Bath arrive en exclusivité chez Shudder le 28 juin.
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