Celleux qui en ont marre des films de possession bon marché qui se multiplient en vidéo sur demande depuis l’arrivée du Nouveau Testament devraient miser leur soirée sur le disjoncté The Exorcism of God, paru plus tôt cette année. Le cinéaste Alejandro Hidalgo, qui nous avait offert le tout premier film vénézuélien The House at the End of Time en 2013, est de retour près de dix ans plus tard avec cette proposition bilingue anglaise-espagnole audacieuse et qui amusera les plus férus de démonologie.
Au Mexique, après un exorcisme raté, Père Peter Williams est toujours rongé de l'intérieur. Si la procédure n'a pas fonctionné, il est en effet le seul à blâmer: sa transgression de la loi divine a tout fait foirer. Dix-huit ans plus tard, le passé — et le terrible démon Balban — le rattrape alors qu'un nouveau cas de possession vient perturber la prison locale.
L’ouverture de The Exorcism of God nous plonge directement dans le ton avec une revisite plutôt luxurieuse de la dernière partie de The Exorcist. Les références au classique de Friedkin sont nombreuses, de la recréation de la fameuse scène d’arrivée du prêtre (un passage obligé, sûrement trop souvent cité), en passant par des mises à jour 2020 de la scène de la langue et de celle du lit qui lévite. Dès l’apparition de notre plantureuse possédée, on comprend qu’on est davantage en mode spectacle, mais même si la production ne donne pas dans la subtilité et ne se prend pas trop au sérieux, elle réussit à marcher sur la mince ligne qui sépare amusement et dérision, sans jamais tomber dans la caricature.
C’est que The Exorcism of God s’élève au-dessus du typique série B direct to video. La réalisation soignée d’Hidalgo étonne, alors que ce denier livre un film plutôt agréable pour l’œil. Et même si les scènes de terreur misent surtout sur l’audio tonitruant pour faire sursauter, le cinéaste parvient à construire d’habiles moments de tension avec ses possédés aux yeux démoniaques, ses statues religieuses qui s’animent et ses représentations cauchemardesques du Christ — l’équipe de l’ennuyant The Nun devrait prendre des notes ici avant d’entamer la production de la (possible) suite. Même l’interprétation passe le test dans l’ensemble de la distribution, menée par Will Beinbrink (It: Chapter Two)!
Il faut surtout mentionner la qualité des maquillages opulents et colorés des susmentionnées incarnations sataniques, qui tiennent véritablement la vedette ici. Malgré le budget modeste (on parle d’une production d’environ 1,3 million), les effets numériques se greffent assez bien aux pratiques grâce à l’habile dosage qui en montre juste assez.
Mais si The Exorcism of God critique l’historique d’abus au sein de l’Église catholique ainsi que le silence du Vatican, il peut également s’avérer paradoxalement misogyne. Une citation carrément inutile en conclusion fera aussi particulièrement grincer des dents la communauté LGBTQ+. Finalement, cette idée véhiculée dans le titre s’avère ingénieuse et nouvelle pour le sous-genre, mais demeure somme toute trop peu exploitée.
Malgré tout, The Exorcism of God est votre meilleure option pour des célébrations de Pâques sanglantes et blasphématoires cette année.
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