the front room

[Critique] « The Front Room » : la nouvelle pire belle-mère de l’histoire

Pour un joli magot, accepteriez-vous d’héberger votre belle-mère chez vous jusqu’à la fin de ses jours? C’est la question que pose The Front Room, qui ramène la jadis populaire chanteuse R&B Brandy (Norwood) devant les caméras, vingt-six ans après son rôle « iconique » dans I Still Know What You Did Last Summer. Si la star n’a plus exactement le même pouvoir d’attraction qu’en 1998, la production qu’A24 s’est procurée chez nos voisins du Sud la place pourtant maintenant au cœur d’une satire savoureusement tordue.

Belinda (Brandy) est sur le point d'accoucher lorsque son conjoint Norman (Andrew Burnap, le prochain Snow White) reçoit un appel qui changera le cours de leur vie. Solange, la conjointe de son père, lui annonce que ce dernier serait sur son lit de mort. Pire encore, la femme qui a terrorisé Norman dans son enfance pourrait maintenant revenir dans le décor.
EF Front Room Poster ENG

Placé entre les mauvaises mains, The Front Room aurait pu devenir une autre de ces adaptations d’une nouvelle qui manque de substance pour justifier un format long métrage. Mais il se trouve que le cinéaste Robert Eggers (The Witch) a deux frères, Max et Sam Eggers, et que ces derniers ont voulu faire de la courte histoire de l’autrice britannique Susan Hill (The Woman in Black) leur tout premier film — à noter que Max Eggers a également co-scénarisé The Lighthouse.

Bref, le talent court dans la famille. Il faut en premier lieu avouer que la trame de The Front Room est assez simple, à savoir que l’essentiel de l’intention demeure de placer cette belle-mère ô combien machiavélique dans les pattes d’une jeune et jolie petite famille. N’empêche que l’angle avec lequel le duo navigue la réalisation permet de donner plus de corps au récit qui peut s’avérer un tantinet prévisible.

L’action se déroulant essentiellement dans la maison du couple Belinda-Norman, les cinéastes parviennent à rendre les lieux plus intéressants, notamment grâce à bon nombre de prises de vues qui s’amusent avec des effets de miroir, représentant les différentes perspectives des personnages en cause. En plus des clins d’œil à Rosemary’s Baby, certaines scènes de rêves jouent avec des imageries surréalistes et recréent des citations artistiques bibliques autant déstabilisantes qu’amusantes.

La réalisation utilise néanmoins beaucoup de répétitions, particulièrement lors de situations où Belinda, jeune mère au foyer, se retrouve submergée par la tâche. La mécanique permet néanmoins d’aiguiser l’exaspération du personnage (et la nôtre en même temps) de belle façon. Pendant ce temps, la trame sonore choisit méticuleusement les pièces qui viennent drôlement appuyer ces situations extrêmes et loufoques — Non, je ne regrette rien!

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L’obstination avec laquelle le scénario évite le personnage de Burnap, sorte de jeune père absent et un peu mou, est en soi assez drôle. Mais si la fameuse Brandy s’avère très efficace dans ses fonctions, c’est pourtant Kathryn Hunter (Poor Things) la véritable vedette ici.

La femme livre une performance complètement ahurissante dans le rôle de Solange, cette fanatique religieuse détestable, pourtant plus âgée qu’elle — il faut savoir qu’une certaine forme physique était ici nécessaire. Que ce soit avec sa comédie physique (ses quintes de toux, sa démarche avec ses maudites cannes et ses « Belindeeer ») que la force avec laquelle elle débite ses dialogues hilarants, la comédienne devient littéralement le véritable attrait de The Front Room. Gageons que sa voix éraillée résonnera longtemps en vous après le visionnement.

The Front Room ne refait pas le monde et n’est pas non plus promis à un avenir radieux au box-office contre Beetlejuice Beetlejuice qui prend l’affiche au même moment, mais propose tout de même une délicieuse petite comédie noire qui vaut pourtant le déplacement.

Note des lecteurs0 Note
Pour les fans...
de comédies noires
de vieilles femmes détestables
de Brandy sans Monica
3.5
Note Horreur Québec
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Horreur Québec