Nous attendions tous avec impatience The Green Knight, mais qui pouvait s’attendre à une œuvre aussi majestueuse? On ne quitte pas la salle indemne. Si tôt le générique apparu, on se dit qu’il faudra revoir le film pour en saisir encore plus ses nuances. Ce n’est toutefois pas un ouvrage pour le grand public. Il faut bien admettre que chaque fois qu’on se lance dans un long-métrage du studio A24, nous avons droit à ce cinéma différent, si savoureux et si rare.
Après avoir affronté une première fois le chevalier vert, Gauvain, le neveu du roi Arthur, relève le défi d’un second affrontement, un an plus tard, au jour de Noël.
Avec The Green Knight, le cinéaste David Lowery (A Ghost Story, The Old Man and the Gun) adapte le poème Sir Gawain and the Green Knight datant du XIVe siècle. Nous avons été si longtemps privés de cinéma que s’assoir dans une salle et regarder cette quête initiatique devient un véritable rêve éveillé. C’est comme trouver un vieux livre chez un antiquaire et plonger lentement dans le récit. Ce n’est pas tous les jours qu’on a droit à une œuvre cinématographique d’une telle ampleur, mais les amateurs de films d’action qui espèrent y voir des combats à la Game of Thrones ou The Lord of the Rings risquent d’en sortir insatisfaits.
C’est dans l’errance et la contemplation que Gauvin accomplit ce rite de passage, de l’enfance au monde adulte. Il doit passer d’apprenti à véritable chevalier. Cette même lenteur est pourtant celle qui immerge le spectateur dans ce voyage de manière inimaginable, mais ce dernier devra tenter d’analyser les symboles pour y déceler un sens. Dans son adaptation, le réalisateur insaisissable a conservé la substance du texte, mais se refuse de fournir la moindre explication. Une série de références religieuses tisse des liens entre le christianisme et le paganisme, et le scénario nous bombarde de relations entre la culture cléricale et folklorique. Certains passages rappellent Le Septième Sceau d’Ingmar Bergman ou même la lente quête des protagonistes de Stalker de Tarkovsky. La route importe plus que l’arrivée, comme on aime souvent le dire. L’honneur, le courage et l’héroïsme sont au cœur de la trame, et notre héros doit trouver comment les acquérir.
Visuellement, le film est tout simplement parfait: les images sont à couper le souffle et certains angles et travellings nourrissent à la fois le malaise, mais aussi cette plongée au cœur de cet univers. La musique de Daniel Hart est sublime et souligne à sa manière le grand travail apporté au son.
Lowery offre encore une réalisation extrêmement puissante: sa caméra scrute et insiste sur certains détails qui, au final, font la différence. Sa direction d’acteurs est aussi très précise, et permet au jeune Dev Patel (Lion, Slumdog Millionaire) de nous offrir sa meilleure prestation à ce jour.
En conclusion, The Green Knight est une œuvre somptueuse et unique. Il s’agit toutefois davantage d’un film de répertoire que d’un produit commercial.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.