Bien qu’on attribue bien souvent les films d’action et de créatures monstrueuses au cinéma américain ou japonais, qui ont tout de même inventé ou alimenté le genre depuis les King Kong, Gojira et autres kaiju de ce monde, il arrive toutefois que des créatures géantes et destructrices envahissent d’autres endroits que les grandes puissances financières mondiales. C’est le cas de Thaiju, la créature du film thaïlandais éponyme (sorti ici sous le nom de The Lake), qui sèmera le carnage autour d’elle, un peu comme le font ses homologues internationaux. Mais l’antagoniste du film de Lee Thongkham aurait fort avantage à apprendre des monstres géants classiques de l’histoire du cinéma.
Gravitant autour des forces armées cherchant à détruire les monstres ou des équipes scientifiques essayant de les comprendre, l’intrigue tournera principalement autour de May, une fillette qui trouve un œuf géant et décide de le garder avec elle, faisant de sa famille la cible principale de Thaiju. Mais plus l’intrigue avancera, plus la relation entre la jeune fille et le monstre deviendra presque spirituelle, alors que la créature semble partager ses sentiments et douleurs physiques avec Keng, l’oncle de May.
C’est dans une structure narrative, une production et une technique tout ce qu’il y a de plus américaine que s’incarne l’intrigue de The Lake, qui raconte l’éveil d’un groupe de monstres énormes habitant dans les profondeurs de la rivière Mekong, en Thaïlande. Et si ni l’origine ni la raison d’être des créatures ne sont réellement abordées au cours du film, on sait pourtant que, du jour au lendemain, la ville de Bueng Kan tournera au chaos le plus complet.
Le tout se perd en complexités inutiles et confusions scénaristiques, puisque dans toute cette intrigue, rien n’est réellement justifié par les événements ne faisant qu’arriver sans réelle logique ni causalité. L’histoire qu’on cherche à établir dans The Lake est donc assez pauvre, et on parvient mal à sortir des clichés du genre. Il semble même parfois que le scénario cherche à accumuler les séquences classiques de l’horreur et l’action américaine, des poursuites effrénées aux moments de tension où les personnages ne doivent pas faire de bruit afin de ne pas alerter l’antagoniste. Mais tous ces nœuds dramatiques ne sont pas liés par une histoire qui se tient. On ne parvient donc pas à s’attacher à quoi que ce soit, et ce, malgré une réalisation qui se tient quand même plutôt bien, et des effets spéciaux somme toute assez réussis.
À cet effet, l’une des forces principales du film est son grand budget, qui transparaît à l’écran. La créature géante est magnifique, impressionnante, et si elle manque de scènes et d’intrigue où elle pourrait être exploitée à sa juste valeur, on ne peut nier sa qualité technique. La réalisation, bien que classique et n’empruntant que des chemins balisés et connus de tout et chacun, parvient quand même à présenter le caractère grandiose et horrifique du monstre principal. Celui-ci est à son meilleur dans les plans plus lents, où on prend le temps de le regarder et d’en apprécier les détails. Malheureusement, plus souvent qu’autrement, le Thaiju géant et le monstre plus petit, aux allures d’un Predator, sont présentés dans de courts plans en CGI tellement rapides qu’on n’a pas le temps de les apprécier, ce qui rend plutôt l’effet d’une animation douteuse qui fera nécessairement décrocher du film.
En somme, The Lake n’a pas grand-chose pour impressionner. La qualité technique et la mise en scène sont tout de même de la partie, mais peu importe le budget à sa disposition et la motivation déployée, il est difficile de rattraper un scénario si pauvre, des dialogues qui font autant rouler des yeux et un si grand nombre de clichés, sans contexte pour les appuyer.
Il est certain qu’on ne change pas une recette gagnante. Mais à force de goûter les mêmes ingrédients, on finit par ne plus en apprécier la saveur.
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