Gabriele Amorth, exorciste en chef du Vatican pendant près de 15 ans, a affirmé une fois en entrevue que le film The Exorcist était très réaliste, mais que les effets spéciaux étaient un brin exagérés. S’il voyait le film basé, en partie, sur sa vie, il serait sans doute très amusé. The Pope’s Exorcist (L’exorciste du pape) de Julius Avery (Overlord) est probablement l’un des films d’exorcisme les plus extravagants à avoir émergé dans le sillon de celui de William Friedkin.
Suite à l'appel à l'aide d'un jeune prêtre aux prises avec un jeune garçon possédé dans un petit village d'Espagne, le père Gabriele Amorth décide d'enquêter. Ses recherches le mèneront à découvrir tout un pan de l'histoire secrète du Vatican et de la civilisation occidentale...
Honnêtement, comme le prouve le retard de cette critique, s’il y a un film que l’équipe d’Horreur Québec n’attendait pas particulièrement cette année c’était celui-ci. Sur papier, l’idée de faire un film sur Amorth en mode grosse production semi-DaVinci Code laissait dubitatif. Or, dans les faits, c’était se tromper que de ne pas compter sur le talent d’Avery et sur le charisme de Russel Crowe. Ces deux éléments combinés sauvent non seulement le film, mais lui procurent une touche de grandiose insoupçonnée. De plus, le fait de baser le scénario sur les récits du père Amorth au lieu d’engraisser les héritiers d’escrocs comme les Warren est incontestablement positif. Quiconque a vu le documentaire que Friedkin a consacré à l’homme il y a quelques années le confirmera: Amorth est une figure beaucoup plus sympathique, même si elle vient avec son lot de déclarations contestables.
Cela dit, pour en revenir au film, il s’agit d’une réussite technique indéniable. Les effets spéciaux et le «gore» sont particulièrement réussis. Avery n’avait déjà plus grand-chose à prouver sur ce terrain, mais sa maîtrise du rythme et son œil pour créer des plans iconiques sont de haut calibre. Avec un interprète comme Crowe mis à sa disposition, c’est encore plus évident. Le vétéran s’amuse clairement dans ce rôle où il alterne entre les moments comiques et les scènes mettant de l’avant son côté dur à cuire. Vraiment, ces deux éléments élèvent la proposition.
Malheureusement, c’est sur le plan du scénario que le tout pèche un peu. Beaucoup trouveront risible le rôle du pape et des cardinaux, qui semblent présents uniquement dans le but de créer un univers étendu en mode S.H.I.E.L.D dans Avengers. Se dégage de plus évidemment un goût de prosélytisme très peu subtil à plusieurs moments, et l’une des révélations qui tente de récrire l’histoire très très sombre de l’Église s’avère problématique et malaisante. Au moins, on ne fait pas trop d’efforts, outre le nom du personnage principal, pour se raccrocher à des éléments du monde réel. Il vaut mieux voir l’ensemble comme se situant dans un univers de fiction que de l’envisager comme l’adaptation d’une histoire vraie.
Bref, pour un film d’horreur grand public et grand spectacle, The Pope’s Exorcist est étonnamment assez réussi. Est-ce que cela pourra se déployer efficacement en franchise? Une suite était récemment annoncée. Tant qu’on garde Avery et Crowe derrière et devant la caméra, pourquoi pas?
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