[Critique] The Power: la peur du noir

En janvier 1973, suite à un bouleversement dans l’industrie du charbon, la Grande-Bretagne a décidé d’effectuer des coupures d’électricité momentanées pour économiser l’énergie. C’est à cette période qu’une jeune infirmière à son premier jour de travail se voit imposer un chiffre de nuit dans un hôpital presque désert. Très bientôt surviendront une série de phénomènes étranges.

The Power, récemment ajouté sur la plateforme Shudder, est le premier long-métrage de la cinéaste Corinna Faith, qui agit également ici à titre de scénariste. Il s’agit d’un film fort intéressant à plusieurs niveaux, mais qui échoue pourtant à construire quelque chose de viscéral.

Ramener le contexte de la crise du travail des mineurs comme élément catalyseur de la peur aurait pu être un exercice ingénieux en soi, si le scénario n’avait pas tenté de l’enrouler d’une guirlande forcée à l’effigie du mouvement #MeToo. Lorsque l’on saisit que le titre fait tout autant référence à la ségrégation qu’à l’électricité, on comprend l’intensité des possibles.Hélas, les propos féministes avancés manquent de conviction. Par ailleurs, il faut bien admettre que le récit nous offre très peu de raisons d’avoir peur. On a juste l’impression de revoir un film qu’on a déjà vu, alors que la prémisse promettait l’extase.

Faith demeure tout de même une cinéaste à suivre, puisque ce premier long-métrage démontre son aisance avec le langage filmique. Techniquement parlant, le film est assez surprenant pour un premier. Les cadrages sont fouillés, les éclairages blafards dérangeants, et l’excellente trame sonore composée par le groupe Gazelle Twin est judicieusement juxtaposée à l’histoire. On ressent aussi une véritable direction d’acteurs.

À ce titre, la jeune Rose Williams (Changeland) livre une prestation exemplaire. Dans des scènes exigeantes, l’actrice fait preuve de contorsions inoubliables.