[Critique] « The Strangers : Chapter 1 » : la nouvelle version du classique qui ne fait ni chaud ni froid

Une ligne du temps…

• En 2008 : Bryan Bertino écrit et dirige un long métrage d’horreur psychologique qu’il intitule The Strangers. L’œuvre met notamment en scène l’invasion à domicile d’un couple (Liv Taylor et Scott Speedman) par trois suspects masqués et nonchalamment cruels. Le film a beaucoup de succès pour son caractère hyperréaliste et anxiogène.

• En 2018 : Cette version est basée sur un scénario de Bryan Bertino et de Ben Ketai. Johannes Roberts dirige un deuxième volet du film original avec les mêmes assaillants intitulé The Strangers : Prey at Night. Cette fois, les tueurs masqués s’en prennent à une famille en vacances dans un campement de tentes-roulottes. Cette succession, moins appréciée par le public, se qualifie plutôt de slasher avec quelques touches d’humour.

• Aujourd’hui, en 2024 : Une nouvelle version du film culte prend forme, soit de The Strangers : Chapter 1, réalisée par Renny Harlin. Sensiblement comme dans l’original, un couple (Madeleine Petsch et Froy Gutierrez) se voit coincé dans un chalet au cœur d’un minuscule village de l’Oregon, après avoir eu des soucis automobiles. À la porte de la cabane nichée dans une forêt dense, on cogne à la porte : une jeune femme cherche une certaine Tamara. Sans raison précise, trois inconnus masqués traqueront sauvagement les jeunes amoureux.

En reprenant le concept et les détails de The Strangers, cette nouvelle réédition ne réinvente pas la roue. Ici, on préserve tous les procédés cinématographiques et stylistiques qui instaurent la peur que provoque des présences indésirées dans un lieu que l’on croit sûr : les personnages qui tournent le dos aux inconnus, leurs reflets sinistres dans le miroir alors que le couple vaque à ses occupations, les objets qui sont déplacés et les planchers qui craquent. Les angles de la caméra se veulent « voyeurs », en donnant une impression au public d’être dans la peau des intrus qui scrutent leurs proies.

Le film d’Harlin réussit assez bien à établir un climat lent et tendu : on ne tente pas d’aller trop vite, une chose qui est extrêmement rafraichissante dans l’ère cinématographique d’efficacité ultra-dense dans laquelle nous vivons.

« Pourquoi nous? »

La question qui revient sans cesse lorsqu’on visionne la bannière The Strangers : pourquoi toute cette violence de la part des trois mousquetaires? Le mystère n’est jamais élucidé, ni dans les films antérieurs ni dans ce film actuel. Les agresseurs s’amusent même à répondre à l’interrogation avec la simple phrase : « Parce que vous étiez à la maison. » C’est en majeure partie ce qui rend cette prémisse absolument terrifiante : le caractère trop vrai d’une attaque aléatoire, sans motif clair, nous ramène à l’idée que la brutalité peut être perpétuée sans raison valable.

The Strangers : Chapter 1 (Les Inconnus : Chapitre 1), qui se veut le premier film d’une trilogie éventuelle (le chapitre 2 est prévu avant la fin de l’année), met la table pour une histoire que l’on sent bien plus longue. Avec une fin ouverte, on se demande qu’est-ce que les autres œuvres auront à dire sur le sujet… Viendront-elles gâcher l’essence de l’idée originale ou la rendre encore plus riche?

Peu importe ce que nous réserve le futur de cette franchise, The Strangers : Chapter 1 est plutôt bien réalisé, composé de performances adéquates pour certains (Froy Gutierrez) et très bonnes pour d’autres (Madeleine Petsch). Ce premier chapitre fournit aussi des sursauts efficaces aux bons moments.

Il s’agit toutefois d’un film qui ne fait ni chaud ni froid si vous avez visionné et aimé le film original. Vous ne serez sans doute pas subjugué·e·s de surprise. S’il s’agit de la première fois que vous mettez les pieds dans ce récit, on vous souhaite néanmoins bon courage! Autrement, la version de 2008 demeure largement supérieure.