Ça fait maintenant deux ans que The Unburied (El cadáver insepulto) se promène dans le circuit des festivals, et le premier long-métrage de fiction du cinéaste Alejandro Cohen Arazi s’amène enfin en vidéo sur demande ce mardi, gracieuseté The Horror Collective, la compagnie de production derrière Slaxx. Comme quoi notre curiosité envers les productions espagnoles (Argentine, ici) en marge l’emporte toujours, en vain cette fois.
Exilé dans une autre ville depuis longtemps, un homme orphelin apprend que son père spirituel, qui s'occupait également d'autres garçons sans famille alors qu'il était enfant, est décédé. Il entreprend donc un retour au bercail pour retrouver les membres de sa famille d'accueil et assister aux funérailles. Sur place, il découvre que les choses ne tournent pas rond.
The Unburied s’inscrit définitivement dans la lignée des films d’horreur à combustion lente, où l’accent est davantage mis sur les ambiances que les coups de théâtre au scénario. On sent dès le départ que Alejandro Cohen Arazi, qui signe également le scénario, fait ici ses premières armes, mais le cinéaste parvient tout de même à créer un certain climat hostile avec ses images. Le problème, c’est que ses intentions ne sont pas toujours claires. En effet, que doit-on penser exactement de cette scène qui nous montre explicitement des vaches se faire véritablement massacrer à l’abattoir? Ces scènes atroces servent vraisemblablement à réveiller de douloureux souvenirs chez notre orphelin, mais le manque de subtilité avec lequel elles sont présentées les rendent carrément sensationnalistes. Quoiqu’il en soit, vous êtes avisés.
La ligne entre la masculinité toxique dépeinte dans le film et la simple misogynie est également plutôt mince. Bien que les personnages masculins de The Unburied, des frères au sein d’une famille dysfonctionnelle qui se retrouvent après plusieurs années, ne soient guère plus reluisants, les trois malheureux rôles féminins proposés servent à tour de rôle de sorcière, de catalyseur à tension sexuelle (violente de surcroît, un procédé qui paraît encore ici inutile) et de chair à découper au scénario. Disons que l’entonnoir du public cible commence maintenant drôlement à rétrécir.
Du côté des bons coups, on compte assurément Demián Salomón (Terrified), convaincant dans son rôle tiraillé entre le deuil et les traumas de l’enfance. La réalisation intègre bien ses souvenirs de jeune homme au drame qui se déroule au présent. Cette idée annoncée dès l’ouverture du métrage qui compare les familles d’accueil à des tribus s’avère intéressante «folkloriquement parlant», mais se consume toutefois rapidement et ne débouche sur rien de plus grand. Elle aura au moins l’attrait d’offrir une poignée de moments macabres, qui évoquent parfois même le The Texas Chain Saw Massacre de Hopper.
Autrement, pour toutes les raisons mentionnées jusqu’ici, mais également parce que The Unburied devient éventuellement plus long que lent malgré ses 84 minutes, la proposition de Cohen Arazi peinera fort probablement à trouver un public sympathique à sa cause.
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