Le fait le plus cocasse avec Tin Can, réalisé par le Canadien Seth A. Smith (The Crescent) et qui arrive sur demande ce vendredi, c’est qu’il a vu le jour juste avant que la planète tout entière soit chavirée par la COVID. Tin Can subit un peu notre lassitude face à ce genre de production optant pour ce schéma qui deviendra celui de plusieurs petits films indépendants pour contrer la pandémie — lisez notre récente critique d’Alone With You. On isole un acteur et fait en sorte qu’il ait peur durant 90 minutes. L’autre aspect désolant pour Seth A. Smith et son co-scénariste Darcy Spidle, c’est que le récit ressemble un peu à celui du récent long-métrage Netflix Oxygène d’Alexandre Aja, donnant ainsi une impression de redite.
Alors qu’elle travaille sur un médicament pouvant vaincre une pandémie qui fait rage, une scientifique est kidnappée et séquestrée dans une cuve de préservation. Comme elle représente l’une des meilleures chances de sauver l’humanité de l’extinction, elle est prête à tout pour sortir de sa prison.
Lors du visionnement de Tin Can, le scénario nous embrouille à plusieurs niveaux, et si certains dialogues donnent des réponses, l’obscurité qu’on laisse sur plusieurs éléments nous fait décrocher un peu du récit. C’est comme si l’indétermination devenait une sorte de voile sur quelques déficiences, au lieu d’être catalyseur de mystère. Il faut aussi admettre que l’intrigue secondaire englobant le thème de l’infidélité est plutôt mollasse et fait perdre des plumes à la trame.
Cela dit, Tin Can est loin d’être un film sans intérêt, notamment en ce qui a trait à sa conception visuelle. La mise en scène de Smith propose un brillant contraste entre les temporalités, illustré par des décors aérés et des couleurs glaciales en flashbacks, alors qu’on penche pour des gros plans sur la protagoniste et des éclairages blafards lorsque l’on revient au présent. Cette recherche picturale génère une contradiction pour l’œil et teinte le film d’un accent fantasmagorique et étouffant non négligeable. Le travail sur le son converge aussi vers cette construction asphyxiante et le résultat est assez surprenant. Smith jongle avec la paranoïa face aux tendances médicales et à la panique du confinement. Il sait comment générer un malaise sensoriel chez son spectateur.
Scrutée de manière presque indécente par la caméra, l’actrice Anna Hopkins (V/H/S 94) relève assez bien le défi d’incarner cette scientifique en panique.
En conclusion, Tin Can risque d’être apprécié par les fanatiques de cinéma de genre indépendant aux tendances expérimentales. Sinon, vous risquez de trouver le temps long.
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