Il faut l’admettre : si l’humanité connaissait une réelle invasion de zombies, la résultante n’en serait probablement pas une vague de panique et un massacre, comme le vendent la plupart des films d’horreur, mais plutôt une nouvelle façon pour les grandes compagnies de faire un peu de profit. Ainsi, dans l’univers de We Are Zombies (Nous, les zombies), inspiré de la série de bandes dessinées de Jerry Friees et de Guy Davis, The Zombies That Ate the World, adapté par le collectif RKSS (Roadkill Superstars, connu notamment pour Turbo Kid ou Summer of 84), les morts-vivants (qu’on appelle désormais « living-impaired » ou « non-vivants ») font maintenant partie intégrante de la société, et sont traités au même titre que les personnes toujours en vie.
C’est là qu’entre en scène Coleman, une compagnie pharmaceutique spécialisée dans la recherche du cerveau humain, qui voit dans la prolifération de morts-vivants la manière la plus simple de mener leurs expériences à terme et d’en tirer profit. Mais Coleman est un conglomérat crapuleux avec lequel on ne veut pas s’embrouiller, et c’est exactement ce que Karl et Freddy (Alexandre Nachi et Derek Johns, respectivement) vont faire. Les deux hommes sont spécialisés dans le vol de bijoux et d'autres accessoires dispendieux qu’ils trouvent sur les dépouilles des zombies. Aidé par Maggie (Megan Peta Hill), la sœur de Karl, le trio se verra mêlé à la puissante entreprise, devant ainsi dépouiller l’un des cadavres que possède la compagnie afin de faire un gros coup d’argent.
Fidèle à leur habitude, RKSS nous livre une comédie de genre, où les gags physiques et l’humour de situation s’accumulent autour d’une prémisse qui s’inspire foncièrement des tropes connus de l’horreur. Les personnages extrêmement stéréotypés, souvent alourdis par une accumulation de scènes insistant sur leurs archétypes, sont néanmoins tous bien ancrés dans l’univers décalé et plus grand que nature qui nous est proposé. Les cinéastes excellent dans un humour bien gras qui ne se prend pas au sérieux, et We are Zombies s’inscrit tout à fait dans la catégorie. Malheureusement, le potentiel comique n’atteint pas toujours le mille, les blagues étant la plupart du temps puériles et convenues, le scénario ne parvenant pas à rattraper un humour qui demeure assez simple.
L’intrigue regorge d’idées relatives au contexte de la commercialisation des morts-vivants, et ces gags, qui sont accessoires au récit, en font probablement sa force. Toutefois, on reviendra trop souvent aux clichés associés aux personnages, fans de DnD qui sont nécessairement représentés comme ces vieux garçons ne parvenant pas à être satisfaits de leur vie amoureuse et sociale. Rien de mal à ce type de personnages, même s’ils ne réinventent pas la roue. Pourtant, on aimerait creuser davantage d’autres aspects de leurs relations interpersonnelles, et We are Zombies demeure en surface sur ce plan.
Malgré tout, on passera un bon temps si on se laisse porter par le ton, certes immature, mais néanmoins maîtrisé et confortable que nous propose RKSS avec son apport à l’univers du film de zombies. L’équipe travaille avec des collaborateurs de longue date (et de qualité), notamment Le Matos qui signe une bande sonore exceptionnelle, ainsi que Rémy Couture et les Blood Brothers, aux SFX. Le résultat de toute cette collaboration est un film qui réussit très bien à distraire et faire sourire, mais qui aurait gagné à exploiter davantage sa prémisse au lieu de mettre son énergie à renforcer les tropes un peu usés de ses personnages centraux.
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