yellowjackets serie 2

[Critique] Yellowjackets: plus qu’une histoire de cannibalisme

La nouvelle série Showtime Yellowjackets, qui s’est conclue dimanche dernier via Crave au Canada, s’inscrit littéralement au top des événements télévisuels de l’hiver. Tous les éléments étaient rassemblés pour un cauchemar de haute voltige: un scénario qui plonge un groupe de jeunes femmes en pleine survie forestière dans les années 90, une distribution cinq étoiles on ne peut plus alléchante et une poignée de têtes talentueuses à la création, à commencer par Karyn Kusama (l’excellent The Invitation), productrice exécutive et réalisatrice du pilote, en plus d’Eduardo Sánchez (The Blair Witch Project), qui signe l’épisode ultime de cette première saison. Qu’est-ce que ça vous prend de plus?

En 1996, une équipe de joueuses de soccer plutôt talentueuses du New Jersey s'envole à l'autre bout du pays pour un tournoi national. En survolant le Canada, leur avion s'écrase en plein coeur de la nature sauvage des Rocheuses. Une poignée de survivantes, en compagnie de leur coach et de deux autres adolescents, doit apprendre à survivre alors que les secours n'arrivent pas. Parallèlement, on suit certaines de ces femmes à l'âge adulte, marquées au fer rouge par l'expérience. Elle devront se réunir à nouveau pour percer un mystère en lien avec le trauma qui les unit.
Yellowjackets affiche showtime

Cette alternance entre le présent et le passé s’avère des plus stimulantes à suivre. La première trame aux accents rétro — la bande sonore enchaîne les hits grunge de l’époque — se présente comme un coming of age catastrophe où les adolescentes doivent rapidement redéfinir les paramètres de leur nouvelle microsociété matriarcale. Qui s’avère la plus utile pour administrer les premiers soins? Qui sera assez habile pour chasser et procurer à manger au groupe? Certaines pourraient abuser de leurs fonctions pour paraître plus indispensables alors qu’un jeu d’influence se dessine. La seconde chronologie explore le choc post-traumatique d’une poignée d’entre elles, rongées par la honte — certains indices suggèrent le cannibalisme, mais est-ce vraiment le cas? —, alors qu’on ignore si d’autres ont également réussi à survivre, un détail qui ajoute grandement au mystère. Dans les deux cas, les récits développés fascinent notamment grâce à la richesse des personnages proposés.

Mais la grande force de Yellowjackets réside dans son casting hautement diversifié et virtuellement parfait. Melanie Lynskey (Castle Rock) en femme au foyer en crise, Tawny Cypress en redoutable politicienne, Juliette Lewis en rockeuse toxicomane et Christina Ricci en préposée au bénéficiaire déséquilibrée (vous avez repéré la cassette de Misery sur son téléviseur?) crèvent particulièrement l’écran aux côtés de leurs jeunes alter egos, toutes aussi épatantes — on porte évidemment plus attention à la Québécoise Sophie Nélisse dans le rôle de Shauna adolescente. Il est également étonnant de constater à quel point les versions jeunes et adultes de ces rescapées concordent physiquement, mais également au niveau du jeu, comme s’il s’agissait littéralement des mêmes personnes à 25 ans d’écart.

Tournée principalement en Colombie-Britannique, la réalisation nous sert des plans saisissante de la faune et la flore des lieux qui peuvent devenir extrêmement dangereux, en passant d’une meute de loups aux bouquets de champignons à cueillir ou éviter. Des membres arrachés et des hallucinations collectives sont à prévoir lors de scènes particulièrement marquantes. Certains éléments surnaturels sont également amenés de façon assez mystérieuse grâce au personnage de le superstitieuse Lottie. Un flashback de son enfance sème encore plus le doute.

Il ne s’agit toutefois que de la pointe de l’iceberg. Ceux qui espèrent obtenir des réponses claires lors de la finale en sortiront déçus. Le dernier épisode nous bombarde d’événements inattendus qui restent en suspend, en plus de mettre un terme à une relation de manière excessivement dévastatrice. Une deuxième saison est déjà en chantier — thank God! — et les créateurs Ashley Lyle et Bart Nickerson mentionnent en effet en entrevue avoir initialement eu des plans pour cinq saisons de Yellowjackets. Les théories sont nombreuses et intéressantes à suivre sur le Web quant à ce que la série pourrait nous réserver. Certains personnages éliminés en cours de route n’auront peut-être pas été développés si inutilement finalement. Bref, si les prochaines saisons s’avèrent aussi bien ficelées que cette première, on est officiellement embarqués jusqu’au bout du périple.

Note des lecteurs6 Notes
Points forts
La distribution A1
Les deux chronologies en simultané
Des personnages fascinants à découvrir
Points faibles
Une finale qui répond à autant de questions qu'elle en soulève
4.5
Note Horreur Québec
Fondateur et rédacteur en chef

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