Après avoir s’être blessé lors de la Coupe du monde, un joueur de soccer un peu simplet part dans une sorte de quête identitaire burlesque où il tente de devenir un homme meilleur. Décidant tout d’abord d’adopter un enfant réfugié, l’athlète sera alors projeté dans un maelstrom d’événements farfelus et tristes.
Présenté en clôture du Midnight Madness au TIFF, Diamantino est une petite merveille fantasmagorique qui utilise le surréaliste pour proposer une ironie décapante face à plusieurs lacunes sociales. La combinaison parfaite entre les dialogues cinglants et la réalisation alerte apporte une grande puissance à cette satire audacieuse du monde contemporain. Impossible de ne pas être capté par les infortunes de ce bon bougre qui ne cherche qu’à faire le bien.
Ce n’est pas surprenant de constater que les deux réalisateurs de cette perle en sont également les scénaristes. Ils évoquent volontairement certains angles excessifs pour nourrir l’ironie qu’ils souhaitent porter. C’est notamment le cas de certains personnages à gros traits comme les sœurs du héros qui semblent tout simplement sorties d’un conte des frères Grimm ou encore la médecin experte en clonage plus grande que nature que l’on nomme Docteur Lamborghini. Si cette tendance peut tirer occasionnellement certaines productions vers le bas en adoptant quelques traits manichéens plus fades, Diamantino l’utilise avec une délicieuse malice.
Offrant d’abord ce qui ressemble à un drame sportif, le film glissera sans crier gare d’un genre à l’autre, en faisant bien attention aussi de varier le ton entourant les images qu’on nous met sous les yeux. Le scénario bascule avec une aisance surprenante entre le délire et le naturalisme. L’écart entre les classes sociales se perçoit magnifiquement lors de cette superposition entre le luxe et la richesse d’un athlète aux réfugiés qui risquent leur vie pour trouver un meilleur sort. Le long-métrage balaie aussi sur son passage la folie médiatique, l’ambivalence sexuelle, le deuil, certaines alternances politiques, la crise économique de 2008 et d’autres tendances néo-fascistes. Le tour de force est de nous mélanger ce cocktail avec assez d’habilité pour qu’il en demeure aussi divertissant que pertinent.
Dans le rôle-titre, l’acteur Carloto Cotta est exceptionnel. La jeune Cleo Tavares, lui, offre un contrepoids parfait dans un rôle plus en retenue.
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