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Dissection pour collectionneurs: «Alien: 40th Anniversary Edition»

Le film
Les suppléments
Le transfert
Note des lecteurs1 Note
4.5
Note Horreur Québec

Sur son trajet de retour, un cargo destiné à la cueillette de minerais bifurque de sa trajectoire pour répondre à un signal qui pourrait être un appel à l’aide. L’équipage pose donc la navette sur une lune appelée LV-426. Lors d’une expédition sur les lieux, l’un d’eux revient avec un parasite au visage. Après une période d’incubation, un monstre hybride lui traversera l’abdomen pour s’évader dans les corridors lugubres de l’embarcation.

Pour célébrer les 40 chandelles du film de Ridley Scott, Fox nous offre une toute nouvelle édition d’Alien en 4k. Il est difficile d’aborder le film, sur lequel des dizaines de chercheurs se sont penchés depuis, en omettant son tournant plus intellectuel. Friands de ces lectures sur le long-métrage, nous vous proposons quelques-unes de ces plus intéressantes observations, en plus des nôtres.

Quelques élans symboliques

AlienFrappant les salles de cinéma un an avant The Shining de Stanley Kubrick, qui métaphorisera le mythe du Minotaure, le long-métrage de Scott a pourtant offert des allusions similaires. Présentant une sorte de variation du prédateur enfermé dans le labyrinthe, le Xénomorphe, une créature hybride au même type que le monstre mythique, traquera ses proies dans les couloir du vaisseau. On pourrait aussi y percevoir plusieurs éléments qui raccordent le Nostromo au poisson célèbre de la fable de Jonas, nom donné au matou du film, d’où le personnage fera l’impossible pour s’extirper.

Dès l’ouverture, les couloirs utérins du Nostromo mettent en marche ce champ lexical de la mère symbolique. L’ordinateur qui gère seule le sort de l’équipage se surnomme «Mother» et la conception du Xénomorphe, remplie de connotations sexuelles, s’effectue au dépend d’un accouchement difficile. Le second film de la saga, réalisé par James Cameron, poussera à son paroxysme cette idée.

Impossible de passer sous silence cette idée de prédation sexuelle, qu’il s’agisse du meurtre de Lambert, pouvant s’associer à un viol, ou du segment final où Ripley, presque entièrement dévêtue, découvre la présence du monstre dans sa capsule d’évacuation. Amusant également de se rappeler que la tentative de meurtre d’Ash sur Ripley s’effectue par le biais d’un magazine pornographique, avec lequel il reproduit ni plus ni moins le protocole de fécondité de l’arachnide.

Au fil des ans, une multitude de points de vue se sont mis en branle quant au personnage d’Ellen Ripley. Si la plupart y voit une héroïne aux vertus féministes (Ripley est forte, intelligente et garde son sang-froid), d’autres parlent de misogynie entourant sa masculinisation, cheveux courts et devant s’armer de symboles phalliques pour vaincre la créature. Il faut également souligner que le capitaine Dallas sauve Ripley, à sa manière: sans son concours, la survivante se serait risquée dans les conduits d’aérations et y serait possiblement morte. Rappelons-nous qu’en y pénétrant à sa place, le capitaine a rampé tout droit vers sa fin. Après sa mort, Ripley devra se mettre en colère pour valider sa position. L’actrice Veronica Cartwright (The Birds) devait à l’origine jouer le rôle de cette survivante, mais la rumeur veut qu’on lui ait préféré Sigourney Weaver parce qu’elle avait un physique plus androgyne.

Alien

La réussite technique du film

Techniquement parlant, Alien demeure très efficace et passe très bien le test du 4K. Bien sûr, le Xénomorphe reste fascinant dans son design, mais c’est la mise en scène de Ridley Scott qui lui donne autant d’ampleur. Il nous montre sa créature par fragments, comme si la montrer dans sa totalité à chaque assaut ne servait à rien. Carlo Rambaldi, un responsable des effets, fut d’abord déçu de ne pas voir son travail mieux exposé. Si Scott ne braque pas trop longtemps sa caméra sur l’étranger, il passe le film à faire en sorte qu’on ressente sa présence. À ce titre, les détecteurs de mouvements deviennent ici un véritable catalyseur de suspense, de même que quelques reaction shots du chat, témoin de ce que le spectateur devine. Un peu à la manière de Spielberg qui a joué la carte de la suggestion pour son Jaws afin d’économiser les présences du requin, le découpage technique d’Alien use un peu de ce même subterfuge. C’est incroyable de constater à quel point la simplicité peut faire peur quand on sait bien l’utiliser. On ne verra le monstre dans sa physionomie complète qu’à la toute fin, et encore de manière floue, lorsque Ripley le harponnera pour le cracher de sa navette.

D’où vient cette apparence si terrifiante qu’on a octroyé au prédateur? Dans l’édition numéro 159 du dossier Lycéens et apprentis au cinéma, on décrit cette composition de la bête, en disant que sa: «fabrication même relève du collage: fruit d’une collaboration entre Giger et Rambaldi, le tronc et la tête de l’alien résultent d’un alliage inextricable de matériaux disparates, mêlant débris industriels (on y retrouve des pots d’échappement, des pièces de Rolls Royce) et véritables ossements de reptiles.»

Alien

Ce qu’il faut comprendre, comme on l’a fait remarquer plus haut au sujet du dévoilement de ce dragon de l’espace, c’est que le long-métrage est un véritable exercice de cadrage à travers lequel on priorise les oppositions. Utilisant des plans d’ensemble lors de cette longue excursion sur le vaisseau extra-terrestre, le cinéaste met en image le positionnement de l’homme face à cette énorme structure en lui donnant la taille d’un insecte. Pour faire un contrepoids assez relevé, Scott privilégie des plans serrés dans le Nostromo. Insistant pour que le plafond de son vaisseau soit bas, le réalisateur y maximise ainsi l’effet de claustrophobie de son histoire. Le spectateur n’a pas besoin de comprendre ces disparités, il en ressent l’effet. La mise en scène propose aussi une certaine dissidence flagrante au niveau des éclairages. Offrant d’abord un habit de lumière à plusieurs salles de la navette, le film proposant bientôt un visuel semi-éclairé pour le ponctuer enfin d’effets stroboscopiques et éclaboussures de fumée.

La sublime musique de Jerry Goldsmith est dorénavant indissociable du film, mais Alien propose aussi un véritable travail sur le son. On se souviendra des pulsations cardiaques perceptibles lors des assauts du titan et qui accélèrent à mesure que la menace se rapproche. On a presque l’impression qu’il s’agit du cœur de la bête s’emportant avant une attaque. Peut-être s’agit-il du cœur des membres de l’équipage face à la mort. Le résultat n’en est pas moins terrifiant. Le suspense est aussi magnifié par la voix de l’ordinateur centrale qui accompagne le long segment insoutenable de la finale, en nous donnant le décompte avant l’explosion.

La distribution du film se compose d’acteurs chevronnés, dominés par Sigourney Weaver. C’est un très gros avantage dans un long-métrage qui passe au microscope leurs mimiques et réactions.

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Une présentation en 4K

Cette nouvelle édition du classique offre une restauration en 4K pour la version cinéma du film, alors que le montage du réalisateur laisse entrevoir un petit décalage dans les scènes qui diffèrent, comme si on avait nettoyé la meilleure version et qu’on y avait greffé les plans variants. Rien de si dramatique puisque Scott lui-même préfère la version cinéma.

C’est au niveau de l’image que cette version 4K mérite son faible coût. Il faut bien admettre que la différence reste majeure au niveau de la résolution que le précédent Blu-ray. Il s’agit d’un long-métrage que l’on connaît par coeur et certains détails des décors sont si palpables qu’on a l’impression qu’on pourrait les toucher. La précision des ombres et des éclairages offre une netteté avec laquelle le film devient encore plus grandiose. C’est que ce film de 40 ans ne succombe aucunement à la clarté du 4K, alors que certains épisodes ultérieurs offraient des effets spéciaux déjà dépassés à l’ère du Blu-ray.

Le disque n’inclut aucun nouveau mixage sonore et reprend le son DTS-HD Master Audio 5.1, qui se retrouvait dans le précédent coffret Blu-ray. Nous avons droit à deux commentaires audio du réalisateur: le premier de 1999, disponible seulement sur la version cinéma, et le second de 2003, où Scott s’y retrouve accompagné par l’équipe du film. Rien de nouveau sous le soleil, puisque ces bandes audios sont du recyclage. On y inclut également quelques scènes coupées qu’on nous remâche depuis la version DVD du film. Et puisque cette question brûle les lèvres de plusieurs lecteurs: on offre la possibilité de regarder le film dans la langue de Molière, comme sur les versions précédentes.

On peut donc déplorer un manquement d’extras plus récents, mais le véritable intérêt ici est d’admirer ce chef-d’oeuvre de la meilleure manière possible jusqu’à maintenant. Pour une vingtaine de dollars, nous sommes convaincus que vous en aurez pour votre argent.

Voilà un petit comparatif promotionnel qui saura peut-être vous convaincre:

Alien : Comparatif 4K Ultra HD vs Blu-ray

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