Après un trouble mécanique ayant conduit quatre personnes à l’hôpital, un technicien se voit confier la mission de réparer l’ascenseur d’un immeuble. Même si rien ne semble défectueux à prime abord, de curieux événements causant la mort de plusieurs personnes laissent croire que l’ascenseur est peut-être saboté. Mais qu’en est-il en vérité?
Gagnant du Grand Prix d’Avoriaz de 1984, The Lift (L’Ascenseur en français) est un petit film d’horreur néerlandais qui propose une prémisse des plus originales: un ascenseur donnant mystérieusement la mort. Après toutes ces années, le film s’est mérité un véritable culte des fans.
Malgré ses innombrables fautes, Dick Maas (Sint) a ce talent de maintenir notre intérêt et il est intéressant de questionner sur la raison. Un peu à la manière avec laquelle Spielberg nous avait montré les méfaits de requins sur des photos pour faire augmenter la tension dans Jaws mais avec moins de subtilité, Maas insiste lentement un par un sur les composantes d’un ascenseur pour magnifier la potentielle fragilité de ce véhicule. Gros plans sur des câbles, puis des poulies, on en vient même à ressentir un inconfort face aux circuits électriques. C’est comme si en insistant sur chacune des parties de cet élévateur, le réalisateur nous faisait remarquer qu’un ascenseur ne tient pas sur grand-chose et qu’il est peut-être plus risqué qu’on croit de les utiliser. Il pourrait même y germer certaines idées qui vont constituer ultérieurement les fondements de la mythologie entourant la saga Terminator. On nous questionne sur le sort de l’homme face à une machine si perfectionnée qu’elle en devient autonome.
Ceux qui connaissent le cinéma de Maas savent qu’il n’est pas du genre à lésiner sur certains éléments qui jalonnent depuis toujours le cinéma d’exploitation. Ceci dit, si on oublie certaines scènes trop bavardes et plus laborieuses durant l’enquête du héros, ce petit film d’horreur a le don de nous entraîner dans ces méandres insolites et étranges. Pensez-y deux secondes: les attaques sont commises par un ascenseur. L’idée aurait pu donner un bon épisode de Twilight Zone, mais nous avons affaire à un cinéaste assez déjanté pour en faire un long-métrage qui, dans l’ensemble, se tient étrangement bien.
Parce qu’il positionne ce monte-charge diabolique dans un immeuble froid et huppé et que l’enquête traite de la démesure des compagnies informatiques, on peut certes y relever une certaine critique de la société. Qu’il s’agisse de l’agent opportuniste qui y vend les appartements, ou cette mère laissant sa fillette sans surveillance pour s’offrir un petit délire sexuel avec son patron, ou même des concierges, les personnages qui errent dans les lieux sont aussi grotesques que peu sympathiques.
À travers le protagoniste qui pénètre dans le récit avec un œil au beurre noir non mérité suite au mécontentement d’un mari apparemment trop jaloux, on nous propose aussi un regard un peu hétéroclite et pessimiste du mariage et de la vie de famille. Alors que l’épouse paraît complètement dépassée, le mari se passionne assez rapidement pour l’altruisme de cette journaliste voulant des informations sur les funestes incidents qui entoure l’ascenseur.
La qualité visuelle est très présente pour cette sortie Blu-ray de Blue Underground. Cette édition provient d’une récente restauration 2K. Les images sont éclatantes, avec des couleurs bien définies. Un puriste pourrait y voir des grains occasionnellement, mais je n’avais jamais vu le film dans d’aussi bonnes conditions. Au niveau sonore, nous avons différentes possibilités. Le long-métrage nous est présenté dans sa version originale vocale néerlandaise avec un mixage de l’audio en 5.1. Cette bande est très bonne, puisque les différentes tonalités de son et de bruits y sont perceptibles. The Lift joue beaucoup sur l’ambiance et les sonorités font partie intégrale du suspense. La version néerlandaise nous est offerte aussi en 2.0, pour les nostalgique qui désire plus que les voix originales, mais le son sans mixage. Comme vous pouvez vous l’imaginer, ces deux versions peuvent être ponctuées de sous-titres anglais. Dommage que Blue Undergroud, qui avait commencé à apposer certains sous-titres et doublages français, ne tiennent aucunement rigueur aux collectionneurs non bilingues avec cette édition. Ce qui est d’autant plus déplorable, c’est que la version anglophone est littéralement odieuse.
Niveau supplément, mentionnons pour les intéressés qu’on propose le DVD et le Blu-ray, dans cette même version. L’éditeur nous livre un commentaire audio du réalisateur et scénariste, Dick Maas, en compagnie de son monteur Hans van Dongen. L’exercice demeure la pièce de résistance des extras. Comme c’est souvent le cas, cette piste est fort intéressante et nous en apprend sur le film. Nous avons droit également à une courte capsule vidéo se nommant Going Up, nous présentant Huub Stapel, l’acteur fétiche de Maas, qui nous parle un peu de ses souvenirs de tournage. Nous sommes, certes, captivés par sa conversation, mais cet intermède est malheureusement trop court. Un expert ou un fan aurait pu soutirer davantage de réponses si on avait pris de le temps de lui parler en détails.
Les concepteurs de cette édition ont eu la bonne idée de nous inclure un court-métrage du cinéaste intitulé Long Distance. Si amusant soit de découvrir les instants d’un cinéaste pour un format différent, ce court de 2003 ne dure que 4 minutes. Sinon, nous avons une galerie photos et des bande-annonces. On nous fournit un court essai en papier, rédigé par Chris Alexander, un critique de Toronto, mais rien de si faramineux. Il s’agit d’un film plus rare et davantage de documents sur le long-métrage auraient pu être une bénédiction.
On peut, en revanche, sur rabattre sur le prix très acceptable du produit pour colmater ses manques de suppléments. Si on a aimé The Lift, on voudra peut-être se risquer Down (un remake de The Lift tourné par Maas lui-même), et Amsterdamned que Blue Underground a mis en vente également.
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