Si vous êtes fan de cinéma d’horreur, vous connaissez l’art de “Ghoulish” Gary Pullin, sans même être familier avec son nom. Que ce soit à travers les illustrations et couvertures du magazine canadien Rue Morgue, les jaquettes des rééditions vidéo de Arrow Video ou encore les magnifiques affiches de films alternatives de chez Mondo, les chances que vous ayez l’une de ses créations à la maison sont plutôt fortes.
L’illustrateur originaire de London en Ontario oeuvre dans le genre depuis maintenant plus de 10 ans et profite de l’occasion pour célébrer sa carrière avec la sortie de son tout nouveau livre Ghoulish: The Art of Gary Pullin, disponible dès le 8 mai aux éditions 1984 Publishing.
En plus de suivre son évolution à travers les années avec plus d’une centaine de ses oeuvres, le livre, introduit par Larry Fessenden, propose un entretien exhaustif avec l’artiste ainsi que des esquisses de production et de certains designs jamais publiés auparavant.
Horreur Québec a profité de l’occasion pour s’entretenir avec Gary Pullin et discuter d’art horrifique:
Horreur Québec: Quand as-tu su exactement que tu voulais vivre de l’illustration de films d’horreur?
Gary Pullin: Je travaillais pour une firme de design commerciale et je planchais sur des concepts où je devais incorporer le mot «Monsters» ou quand c’était l’Halloween, j’étais celui que mon directeur artistique voulait pour faire toutes ces petites illustrations que se retrouvaient sur les boîtes et emballages de bonbons.
Vers 1997, j’ai connu Rue Morgue Magazine et j’ai commencé à travaillé avec eux à la pige. C’est à ce moment que mon intérêt a changé et que j’ai réalisé que je pouvais canaliser ma passion pour l’horreur dans une publication qui grandissait et allait devenir importante. Le magazine m’a éventuellement engagé à temps plein et c’est à ce moment où j’ai dédié ma vie à l’horreur.
HQ: En contemplant ton nouveau livre et ta carrière jusqu’à maintenant, de quoi es-tu le plus fier?
GP: Ce dont je suis le plus fier, c’est du travail récent que j’ai pu faire pour des affiches et des vinyles. Je suis très chanceux d’avoir une femme extraordinaire, Nicole, qui me soutient et m’aide du côté des affaires. Je suis aussi très fier d’avoir pu relever de nombreux défis et obstacles pour arriver où je suis présentement. J’ai été capable de quitter une paye stable pour me concentrer sur ma compagnie et ça n’a jamais arrêté de rapporter.
Et je n’aurais jamais pu demander meilleure équipe pour rendre ce livre possible; April Snellings qui l’a écrit et m’a interviewé pour. Elle a fait un travail incroyable. Dave Alexander, ancien rédacteur en chef chez Rue Morgue et Matthew Chojnacki, mon éditeur, qui ont dirigé ce projet. Shane et Desiree Lewis, qui ont assumé la tâche décourageante de la mise en page et qui ont conçu le livre.
J’ai aussi pu travailler avec Goblin, un de mes groupes préférés, sur un disque pour l’édition spéciale du livre. Ça a été un processus très excitant. Je ne pourrais pas être plus heureux avec le résultat final. C’est un livre qui, j’espère, rendra les gens heureux de l’avoir dans leurs étagères.
HQ: Est-ce qu’une de tes compositions t’as donné plus de fil à retordre que les autres?
GP: Oui, il y a eu des projets plus difficiles au cours des années, mais ça arrive dans l’industrie et il faut rester professionnel et faire le meilleur travail possible avec ce qui arrive sur son chemin. Si un projet se déroule mal, j’essaie juste de faire de mon mieux pour rencontrer les demandes du client et livrer le plus rapidement possible pour pouvoir continuer les projets qui m’excitent vraiment.
HQ: Grâce à Mondo, l’art de l’affiche de film est de retour pour le plus grand plaisir des fans et des collectionneurs, mais les studios sont toujours pris dans la mode des têtes flottantes des années 90. Crois-tu que ça changera un jour ou que les affiches créatives vont toujours rester alternatives?
GP: Je pense que ça change. Nous commençons à voir des studios utiliser des meilleurs design ces temps-ci. Les studios trouvent des artistes comme moi ici et là et il y a eu d’excellentes affiches qui ont vu le jours ces dernières années pour des gros films, comme celui de James Jean pour A Shape of Water.
Heureusement, l’industrie des affiches alternatives autorisées garde les cinéastes et les fans rassasiés jusqu’à ce qu’il y ait un plus gros changement. Ça n’est pas encore complètement revenu, mais la mode des affiches alternatives ne cesse de grandir. Les maisons de productions indépendantes se tournent de plus en plus vers des artistes ces derniers temps également. Dans le marché de la vidéo maison, Arrow Video et Criterion utilisent d’excellents designs et pièces alternatives pour leurs sorties. Présentement, ça bouge suffisamment même si les studios populaires n’ont pas vraiment emboîté le pas.
HQ: Y a-t-il un film sur lequel tu n’as jamais travaillé mais dont tu rêves de faire des visuels?
GP: Oui, il y a plusieurs films et compagnies pour lesquels j’aimerais créer des visuels. J’adore faire des visuels pour les films de George Romero et John Carpenter et j’ai été chanceux de pouvoir créer des pièces pour certains de leurs films, mais j’aimerais beaucoup travailler sur des visuels de films de Quentin Tarantino ou Martin Scorsese un jour.
HQ: Pourquoi crois-tu que les fans d’horreur et de cinema de genre comme nous collectionnent tant à propos des films qu’ils aiment?
GP: Je pense que les fans d’horreur ont toujours eu un pied devant, au niveau de rechercher de nouvelles histoires, de nouveaux films à suivre et pour nous influencer, mais je pense aussi que ceux qui aiment le genre ont également un pied dans la nostalgie. On se souvient toujours de la première fois où nous avons vu Night of the Living Dead, Halloween ou The Exorcist. Nous sommes des créatures de nostalgie et nous aimons les sensations que ces films nous ont procurées pendant notre enfance. L’imagerie, la musique, le moment de la journée où nous avons regardé tel film ou lu tel livre…
HQ: Aimerais-tu faire de l’horreur pour le reste de ta carrière?
GP: Je serais complètement à l’aise avec ça. Le genre horreur sera toujours là, mais j’aime aussi sortir du cimetière et travailler pour d’autres genres afin d’aller chercher un public différent.
Pour en savoir davantage sur l’art de Gary Pullin, consultez son site officiel. Vous pouvez également vous procurer le livre Ghoulish: The Art of Gary Pullin via Amazon.ca.
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