Depuis le temps que nous l’attendons, le premier film québécois étampé par le géant Netflix Jusqu’au déclin sera disponible pour ses abonnés dès le 27 mars, alors qu’une sortie en salle limitée aura lieu le 13 mars.
Histoire de vous ouvrir l’appétit, Horreur Québec s’est entretenu avec le cinéaste Patrice Laliberté pour essayer d’en savoir plus sur ce film de survie:
Horreur Québec: Comment s’est passé le processus pour que Netflix retienne ton film? Est-ce qu’il y avait des conditions?
Patrice Laliberté: Il y a eu une sorte rencontre entre des producteurs québécois et Netflix. On avait déjà le scénario et on prévoyait l’envoyer à d’autres institutions. On s’est risqué avec eux, mais au début, je n’y croyais vraiment pas. Dès la première rencontre, ils étaient emballés par le film et par le fait que ce soit un film de genre. On a embarqué avec eux. Il y avait des corrections à faire à notre scénario, ce dont nous étions conscients. On a travaillé avec eux. Par la suite, il n’y a pas vraiment eu de contraintes de Netflix envers nous. Ils nous ont fait vraiment super confiance!
HQ: À une époque où plusieurs grandes figures du cinéma se sont un peu révoltées du fait que les films Netflix sortait les spectateurs des salles, quel effet ça te fait d’avoir pu offrir un projet d’envergure grâce à eux?
PL: Je n’ai pas vraiment de problème avec ça. Une grande partie du cinéma que j’ai rencontré dans ma vie, je l’ai fait à la télévision. Je vais au cinéma, comme tout le monde, mais ma plus grande découverte des films, je l’ai faite au club vidéo et à la télévision. Je n’ai pas vécu de mauvaises expériences pour autant. Je trouve qu’il y a aussi une discussion polarisante. La salle de cinéma et Netflix peuvent cohabiter. Jusqu’au déclin sera présenté à Montréal en salle à partir du 13 mars. Ceux qui veulent le vivre en salle le pourront.
Cela dit, les réalités des exploitants de salles en région ne sont plus ce qu’ils étaient. Les gros complexes ont tué les cinémas de quartier et maintenant ils perçoivent une crise avec l’arrivée de la plate-forme. Pour moi, c’est un faux débat. Je ne vois pas d’opposition entre la salle de cinéma et Netflix.
HQ: Jusqu’au Déclin est un thriller, et je me demandais si on abordait les mécanismes du suspense de la même manière quand on sait qu’un film sera principalement destiné aux visionnements à domicile?
PL: Le gros changement c’est sur l’implication du spectateur envers ton film. Au cinéma, le spectateur se déplace et paie son billet. Il peut accepter davantage un début plus lent. Au moment où on s’assoit dans la salle, c’est comme s’il y avait un contrat d’établi. Peu importe la direction du film, le spectateur va le suivre sauf en de rares cas.
Sur une plateforme, la différence survient face à l’engagement du spectateur. Ici, il paie pour Netflix et non pas pour ton film. Il faut donc avoir un début un peu plus accrocheur et qui va capter davantage l’attention parce que l’abonné a accès à une boîte de films et il peut le changer rapidement. À ce niveau, il y a une différence sur l’écriture et la structure du film. Il faut vraiment accrocher le cinéphile pour qu’après huit minutes, il ne choisisse pas de partir ailleurs.
Se sont des codes qui sont un peu télévisuels mais, en même temps, des films comme Saving Private Ryan sont construits comme ça. Tu es dès le départ dans l’action.
HQ: Votre personnage suit une formation de survivaliste parce qu’il craint une catastrophe. On a l’impression que cette idée de chaos potentiel, qu’on voit beaucoup dans le cinéma américain, est de plus en plus présente dans le cinéma au Québec. Qu’on pense à Les Affamés, Avant qu’on explose ou même à Feuilles mortes. En quoi cette idée de départ t’accrochait?
PL: Je suis tombé sur le survivalisme en faisant de la recherche pour un autre projet. J’ai toujours un peu ressenti cette écoanxiété que vivent ces gens-là. Une grande partie de mes œuvres parlent de la fin du monde. Je voyais ces formations survivalistes arriver sur YouTube et ça me fascinait. Je me suis imaginé ce qui pourrait arriver si quelque chose tournait mal. Le film de genre n’était pas encore là. Je parlais de survivalisme et de survie en utilisant des codes du film de survie. On a donc développé en ce sens.
HQ: Est-ce qu’il y a des films qui vous ont inspirés?
PL: La première partie de Full Metal Jacket. Dans cette formation militaire, il y a quelque chose d’intéressant. Nous avons aussi fait un hommage au film La bête lumineuse de Perrault.
HQ: Pouvez-vous nous parler de votre choix d’acteurs?
PL: Engager Marc-André [Grondin] était une idée de mon coscénariste qui est une de ses connaissances. À la base on a développé le film comme court-métrage et Marc-André a rapidement accepté de camper ce personnage particulier. Les autres comédiens, à part peut-être Marc Beaupré, ont été choisis par un processus d’auditions plus standard. J’ai été chanceux. Les conditions de tournage étaient difficiles et les acteurs étaient tous passionnés.
HQ: Peux-tu nous parler du doublage anglophone qui sera fait par les acteurs et leur accent québécois?
PL: Je ne l’ai pas supervisé. Je ne voulais pas trop m’en mêler. Pour moi, ce volet appartenait à Netflix. J’étais content que les acteurs se doublent eux-mêmes.
En conclusion, Horreur Québec souhaite la meilleure des chances au réalisateur Patrice Laliberté pour ses futurs projets, et nous vous encourageons à aller découvrir le film.
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