Horreur Québec a récemment eu la chance d’être invité sur le plateau de tournage du nouveau film de zombies québécois Blood Quantum. Très heureux d’y répondre, notre équipe a eu droit à un traitement royal. À peine avait-on grimpé dans une navette pour nous transporter sur le lieu de tournage, dans une forêt isolée de Pierrefonds, qu’on avait la chance d’entendre une série d’anecdotes du conducteur, nous exprimant son plaisir à véhiculer des morts-vivants sanguinolents sur le plateau. Le producteur et les attachés de presse sont ensuite venus à notre rencontre et nous ont guidés là où la magie du cinéma était en train d’opérer.
On nous a ensuite invité à rejoindre l’équipe pour dîner avec eux, dans une salle de Kahnawake, et nous avons eu le privilège d’échanger avec certains membres de l’équipe. Parmi ceux-ci, il y a eu le cinéaste Jeff Barnaby, qui a obtenu toute une réputation avec son premier long-métrage Rhymes for Young Ghouls. C’est lors d’une conversation très conviviale qu’il a répondu à nos questions.
Horreur Québec: Votre premier long-métrage Rhymes for Young Ghouls aborde certains thèmes que l’on associe à l’horreur, mais c’était surtout un film très dramatique. Cette fois, le synopsis aborde une épidémie de zombies, où les natifs sont immunisés contre le virus. À quoi peut-on s’attendre avec Blood Quantum, si on compare les deux films?
Jeff Barnaby: Il y avait des zombies dans Rhymes for Young Ghouls, mais cette fois, il y en a plus. J’ai voulu, en quelque sorte transposer la colonisation, mais dans un monde contemporain. Je ne voulais pas faire un film comme Dances with Wolves. Disons que les deux films se passent dans le même espace-temps. Il y a des références à certains personnages et l’action se déroule dans la même réserve, à certaines années d’intervalles.
J’avais tourné le premier comme on tourne un film d’horreur, au niveau de l’atmosphère, mais ça reste tout de même un drame. Je voulais utiliser un contexte moderne et y mettre des morts-vivants. Les non-natifs ont maintenant une crainte de ce qui est extérieur à eux. On peut mentionner la religion musulmane, et il y a toujours eu une crainte des amérindiens. Mais, il y a des situations opposées également dans certaines réserves. C’est comme si l’histoire de Blood Quantum est une manifestation physique de ce qui se passe.
HQ: Dans Rhymes for Young Ghouls, l’horreur qu’on perçoit est davantage humaine. Quiconque connait un peu la réalité dans laquelle ont évolué certaines communautés amérindiennes sera perturbé par le réalisme et la dureté du film. Le film est subversif et a suscité beaucoup de réactions. Pensez-vous causer un effet semblable?
JB: Je ne sais pas du tout ce qui peut arriver. Quand je termine un projet, j’aime le laisser aller. Présentement, j’essaie simplement de survivre au tournage, en y allant jour par jour (rires). C’est un peu comme les festivals, je n’y pense pas pour le moment.
Pour Rhymes for Young Ghouls, j’ai été assez naïf de croire que les gens connaissaient toutes ces horreurs qu’ont subit les premières nations telles que montrées dans le film. Ce n’est pas si loin. On enlevait des enfants et on les envoyaient dans des écoles. On a détruit beaucoup de documents sur le sujet, comme on le sait. Il y avait des rumeurs, mais peu de preuves concluantes. L’émission The Fresh Prince of Bel-Air était terminée avant qu’on ne ferme tous ces établissements scolaires. J’avais mis une citation en contexte, en ouverture, pour essayer de dresser un contexte, mais tout le monde semble avoir été perturbé par mon film. Je citais, en fait, un document officiel du Canada. Je souhaite proposer ma vision de la culture des natifs, et son évolution. C’est difficile de parler pour Blood Quantum, car j’ai toujours l’impression qu’on ne sait jamais vraiment ce que donnera un film avant son montage.
HQ: Diriez-vous que Blood Quantum est, comme plusieurs longs-métrages d’épouvante, un film sur les minorités?
JB: Pas directement. Étant un natif, je ne vois pas les Amérindiens comme étant différents. Je ne prends pas pour acquis que les natifs sont minoritaires. Cela dit on y montre certains problèmes des minorités. La société caucasienne est ici une forme de véhicule, mais absolument pas dans un sens raciste: les personnages sont simplement des natifs. C’est un film de siège et de zombies.
HQ: Ce sont quand même les blancs qui se métamorphosent en zombies. Ils sont en quelque sorte les vilains du film. N’est-ce pas un peu effrayant de voir comment cela sera perçu?
JB: Absolument (rires). Ce n’est pas un film avec un antagoniste de race blanche qui terrorise les Amérindiens, cela dit. Les non-natifs sont victimes de circonstance dans mon film. Il y a un vilain qui est un natif et qui est un vrai saboteur. Ce n’est pas une question de race. On a voulu vendre le film à une plate-forme, ils ont refusé en mentionnant que le film allait être raciste envers les premières nations.
HQ: Avez-vous des plans, ou d’autres films de genre en tête, pour le futur?
JB: J’ai un projet à la télévision qui suivra, dont je dois terminer l’écriture. Je souhaiterais faire un film de science-fiction, par la suite.
Lisez la suite de notre visite sur le plateau de Blood Quatum, où nous avons pu, entre autres, échanger avec les Blood Brothers, responsables des effets spéciaux!
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