Patrick Fortin est un habitué du court-métrage gore. Cinéaste indépendant qui a créé ses propres règles, il nous offre Carnival of Gore, son premier long-métrage, maintenant disponible en DVD, Blu-ray et même en VHS!
Un gang de clowns sème la peur et la mort. Vivant selon leurs propres règles, ils torturent, assassinent et, si l’envie leur prend, mangent quiconque a le malheur de croiser leur route.
Les ventes du film serviront à financer son présent projet, Catcall, constitué d’une série de courts-métrages qui sera compilée en long. Le premier chapitre de cette compilation s’est d’ailleurs distingué au récent Independant Horror Movie Awards en faisant partie des récipiendaires du film le plus badass, du meilleur meurtre et du film le plus gore, en plus de remporter une nomination pour les meilleurs effets spéciaux.
Horreur Québec a rencontré Patrick Fortin afin de connaître l’homme derrière ces films d’horreur indépendants et d’en apprendre plus sur son style si particulier.
Horreur Québec: Quand as-tu commencé à réaliser et qu’est-ce qui t’a motivé à faire du cinéma?
Patrick Fortin: J’étais un enfant turbulent. J’avais trop d’énergie à dépenser alors que quand je faisais de la création, ça canalisait mon énergie dans quelque chose de positif. Aussi il avait des télés dans toutes les pièces. J’avais une vision claire entre la fiction et la réalité, et à côté des nouvelles de TQS ou Radio-Canada, le cinéma s’est vite imposé comme un vecteur de mon éducation. J’avais l’impression que des secrets se cachaient dans ces films. Très jeune, j’étais déjà attiré vers des classiques dans la sélection du club vidéo, mais aussi par les making of et l’envers du décor. Les masques, les bandes-dessinées et les affaires d’enfants en général.
HQ: Comment décrirais-tu ton style?
PF: Je dirais que je fais un travail qui est libre, qui laisse place à interprétation, qui n’a pas peur de détruire le quatrième mur. Il se fait dans l’urgence. L’esthétique est macabre, juteuse, grotesque, comique, animale, sanglante et primitive. C’est souvent improvisé et on se contente de l’esthétique Tie-wrap, duck tape et plastique, c’est-à-dire latex, silicone, mais aussi papier mâché et tout autre matériau peuvent y passer. Sans farce, on le fait peu importe avec quoi parce que l’idée et ce qui se passe dans le processus sont parfois deux choses complètement différentes. Ce n’est pas comme en littérature où tu peux mettre autant de dinosaures grandeur nature que tu veux en claquant des doigts. Quand ton garde-manger est rempli de confiture, de gélatine, de sirop, de colorant, de xanthane, de fruits et tout ce que tu peux imaginer trouver dans une épicerie pour 10$ et qui est bien dégueu, c’est ce qui sert et il va y avoir de la violence! Party! Un petit morceau de jambon sur le méchoui et une bonne crème de clown! Du gore!
HQ: Qu’est-ce qui te plaît autant avec le gore?
PF: C’est l’incapacité de la plupart des gens à y voir de la beauté. Pourtant moi, ça me rassure, j’ai un sentiment positif quand j’imagine quelques individus créer ce type de contenu. C’est assez libérateur et ça nous permet vraiment de s’améliorer comme artiste, d’explorer les techniques et revisiter les notions de l’anatomie. Les différents matériaux et les illusions créées sont souvent dignes des meilleurs tours de magie. C’est une curiosité à tenter de comprendre ce qu’il y a à l’intérieur de nous et d’extérioriser la violence des corps de manière pacifique et non-violente en exposant le pire, le côté qu’ont voudrait oublier, mais qui nous trouble et qui nous questionne.
HQ: Carnival of Gore est ton premier long-métrage. Comment a été la transition entre le court et le long?
PF: Oui, pour Catcall, on met les différents courts-métrages bout à bout, et ont prend le temps de penser au prochain pendant qu’on en réalise un et ainsi de suite. On est rendu à cinq courts-métrages de tournés, pour 54 minutes au total. Quand on aura fini, on va trouver un nouveau titre pour lancer une version «long-métrage», qui inclura tout le travail accompli au long de la dernière année.
Catcall est né dans le contexte suivant: ma copine et moi, on était sur le balcon et elle me communiquait sa frustration par rapport aux fréquents catcalls et harcèlements qu’elle subit chaque jour. De là est né l’idée de nous fabriquer un moyen de canaliser nos frustrations et nous créer notre propre catharsis face à la situation. On peut maintenant tuer des machos avec tout l’amour que notre cœur nous dicte. En même temps, le film ne représente pas toujours nos politiques. On n’irait jamais faire un meurtre en pleine rue, alors je pensais faire un avertissement au début pour avertir les spectateurs de ne PAS tuer de gens en pleine rue.
HQ: Tu produis tes propres DVD et même des Blu-ray. Comment gères-tu la production et la vente?
PF: C’est selon la demande. Si cinquante personnes m’en demandent, je sais que je vais en vendre deux ou trois, alors je vais en fabriquer dix en espérant en vendre deux ou trois de plus la semaine d’après. HAHA!
J’attends de voir si je peux augmenter ma production ou simplement faire affaire avec des compagnies de distribution qui ont des ententes intéressantes; genre de te donner la moitié de la production ou un bon montant pour une distribution limitée, mais très belle. Sérieux, tant que je reste actif, ça permet aux films de circuler; mais on est ultra limité par la quantité de films produits avec des équipes réduites. Habituellement, j’aime ça faire un peu de marchandise pour glisser entre les cases comme des autocollants, des patches, des petites affiches, des photos, des produits dérivés comme des t-shirts ou des sacs à vomi.
Tout ça me permet de rester actif, de poster mes projets en ligne et d’avoir un certain feedback. Ce n’est par contre pas l’idéal parce ce ne sont pas tous les fans d’horreur qui sont réunis devant la télé pour écouter des films en VHS. Mais certaines personnes comme moi aiment bien acheter des objets d’art à prix abordable et se dire qu’il en a peut-être juste 20 ou 30 exemplaires et qu’il n’y en aura plus jamais après. Surtout si ce sont des films complètement tordus. L’important, c’est de continuer de pouvoir faire tout ce qu’on veut avec notre propre film.
Le distribuer par nous-mêmes, c’est quand même une belle manière de garder son indépendance comme cinéaste.
Pour se procurer les films de Patrick Fortin ainsi que sa marchandise, il suffit de le contacter directement via la page Facebook de Goriest Production.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.