Avec sa bande-annonce tout droit sortie des années 70 et sa magnifique affiche aux allures de production arthouse européenne, Luz attirait grandement la curiosité. Le titre était d’ailleurs sur toutes les lèvres des programmateurs qui mentionnaient ni plus ni moins un tour de force en 70 minutes.
Luz est une jeune chauffeuse de taxi. Lorsqu’elle arrive dans une station de police, on comprend qu’une entité malveillante est à ses trousses. Une séance d’hypnose avec le Dr Rossini nous en apprendra davantage sur les dernières heures de leurs rencontres avec la mystérieuse Nora, une ancienne camarade d’école.
Difficile de donner un synopsis bien précis à ce délire expérimental. Difficile également de croire qu’il s’agit du résultat d’un film étudiant. Luz impressionne avec sa réalisation de maître et son scénario tordu et complexe, qu’on a envie de revisiter à nouveau dès la tombée du générique de fin. Le film présente des images qui hantent l’esprit longtemps après l’avoir visionné.
Possession de Andrzej Żuławski et autres classiques du cinéma transgressif européen viennent bien sûr en tête, mais le jeune cinéaste Tilman Singer va plus loin que la simple citation et nous offre ici un film de genre unique et sans égal. Cette scène d’hypnose, qui occupe la majeure partie du métrage, est découpée avec une précision technique à couper le souffle. Notre chauffeuse s’y retrouve à mimer sa dernière course, tantôt dans la station, tantôt directement dans son taxi, et toutes ces scènes finissent par s’entremêler dans un magnifique chaos qui tourne au cauchemar.
Tourné dans un 16 mm granuleux et poussiéreux, le film propose une trame sonore oppressante et mémorable qui colle trop bien à ces plans rapprochés qui déstabilisent, ajoutant au malaise. Luz est une séance de masturbation pour cinéphiles où tout, du scénario, à l’interprétation, en passant par la mise en scène, est excessivement pensé et maîtrisé en évitant même de sombrer dans la prétention.
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