«Je veux que ce film plane juste au-dessus de la réalité», a dit Jennifer Reeder à son directeur de la photographie, en ajoutant qu’elle voulait que le film soit dans des teintes très féminines comme le magenta et le violet.
L’attention particulière de Jennifer Reeder pour les couleurs et la lumière s’explique en partie à cause de son bagage en arts. Même si elle n’a pas étudié en cinéma, l’art est toujours omniprésent dans ses courts comme dans ce long-métrage.
De «magnifiques marginales» au cœur d’une histoire de consentement
Au cœur du récit de Knives and Skin, on découvre des adolescentes qui sont ultra stylées et articulées; plus que ce à quoi on s’attendrait dans une petite ville du Midwest.
«Dans un sens, ça reflète ma propre vie», a expliqué Jennifer Reeder. «J’ai grandi en Ohio, pas dans une grande ville. Et j’étais cette fille goth punk qui portait des maquillages fous et des costumes à l’école.»
Les jeunes filles du film sont donc un peu à son image, de «magnifiques marginales» au look particulier, que l’on peut voir comme étant une façon de faire face à leur vie au secondaire dans une petite ville américaine.
«Je voulais faire un film où l’horreur se situe dans la violation du consentement ou dans l’idée qu’il existe une sorte d’horreur à laquelle de nombreux adolescents sont confrontés chaque jour, essayant juste de survivre au quotidien alors que tant d’adultes autour d’eux ne souhaitent que violer leur consentement ou ignorer leurs limites quand ils sont censés les protéger», a-t-elle expliqué.
Des influences de David Lynch
Son film a été maintes fois comparé à Twin Peaks pour son synopsis et son esthétisme. Parmi ses influences, Jennifer Reeder cite plutôt River’s Edge, un film des années 80 de Tim Hunter avec Keanu Reeves.
Elle reconnaît toutefois avoir été influencée de façon plus générale par David Lynch, l’ambiance de ses films, son style, sa façon de raconter les histoires, l’aspect psychologique de ses films.
«Je suis obsédée par la trame sonore»
À l’instar des films de Lynch, Knives and Skin possède son propre environnement musical grâce à la collaboration de Nick Zinner des Yeah Yeah Yeahs. Comme Reeder et lui ont tous les deux étudié en arts, il était simple pour eux de se comprendre. La cinéaste a l’impression d’avoir réussi à connecter d’une certaine façon avec le musicien et c’est cette compréhension mutuelle qui a permis de donner une musique qui supporte le film de manière exceptionnelle.
«Je suis obsédée par la trame sonore», a avoué Jennifer Reeder. «Ça rehausse le visuel et ça guide les spectateurs sur la façon dont ils sont censés réagir à certaines scènes.»
L’un des points forts du film est lorsque plusieurs personnages chantent Promises, Promises a capella. On ressent alors le lien qui unit tous les personnages, un moment qui a été fortement inspiré par une scène que la réalisatrice qualifie de «magistrale» dans Magnolia de Paul Thomas Anderson, où les personnages chantent chacun à tour de rôle un petit morceau de la chanson Wise Up d’Aimee Mann.
Au final, Jennifer Reeder espère que les gens se souviendront de ce qu’ils ont ressenti en écoutant Knives and Skin, plus que d’une scène en particulier.
«Je veux que ce film donne l’impression d’avoir été invité dans une petite ville secrète avec ces personnages et que vous ayez l’impression d’appartenir à ce monde le temps du film», a-t-elle conclu.
Knives and Skin est présenté à Fantasia jeudi le 18 juillet prochain.
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