Une famille québécoise tente de lutter contre une invasion de gobelets de styromousse vivants et meurtriers.
Impossible de s’imaginer aller voir un film sérieux, malgré le contexte mal choisi de le diffuser à la cinémathèque québécoise, lorsque l’on lit le titre Killer Cup 3D: Les Gobelets qui TUENT de la Troisième Dimension. Difficile également d’aborder le film avec le même barème critique lorsque l’on comprend qu’il s’agit non seulement d’un film D.I.Y., mais en plus quand on constate que la plus grande partie du budget a servi à créer des effets spéciaux.
Comment évaluer la justesse d’un scénario dont l’objectif est quelque part d’accentuer son incongruité face aux autres productions? Maniérée au possible, l’histoire est un prétexte pour enfiler les scènes d’attaques et les dialogues sont grossièrement et volontairement théâtraux. L’ensemble a une aura qui n’est pas s’en rappeler les films de la Troma. Ce style est d’ailleurs pleinement assumé par le caméo rigolo de Lloyd Kaufman: on aime ou non. Cela dit, quand il faut évaluer une telle oeuvre, notre cote ne correspond pas nécessairement au plaisir ressenti, mais à la valeur qu’on peut lui donner en la positionnant avec le reste de la production.
Le montage aurait peut-être pu être resserré également, ce qui aurait accentué le rythme, et les acteurs auraient eu avantage à être un tantinet plus sobre pour illustrer les clichés culturels qu’ils incarnent. C’est d’ailleurs assez surprenant de constater que les lacunes transparaissent davantage quand les personnages échangent banalement entre eux que lorsque des effets spéciaux sont en place. On a cette impression que cet A.normal Jef a eu plus de plaisir à diriger les assauts des gobelets que les échanges entre ses héros.
Le véritable tour de force de Jef Grenier est d’avoir embrassé tous les pépins techniques que pouvaient représenter ses choix. Plusieurs cinéastes indépendants se plongent dans des films d’horreur pseudo-intellectuels pour dramatiser l’horreur qu’ils n’ont pas les moyens de montrer. Il fallait toute une inventivité pour construire ces gags visuels ingénieux et pour risquer des idées plus excentriques. C’est notamment le cas lorsque rentre en scène le Destroyer, une machine à détruire les verres. L’ouverture du film montrant des attaques de gobelets à l’échelle mondiale est excessivement bien troussée et démontre que la passion peut l’emporter sur le budget. Triste toutefois de constater que la salle ne semblait pas équipée pour livrer ce type de 3D, puisque la plupart des effets de reliefs ne fonctionnaient pas.
Une divertissante et vertigineuse descente vers l’horreur, l’humour et le mauvais goût, qui endosse parfaitement son statut.
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