Quelle est la situation du cinéma de genre au Québec? Vaste question à laquelle le documentaire L’inquiétante absence tente de répondre. Réalisé par Amir Belkaim et Félix Brassard, ce documentaire de 102 minutes donne la parole à plusieurs artisans du cinéma made in Québec, allant de Robin Aubert à Jean-Claude Lord, d’Izabel Grondin à David Cronenberg. Pourquoi Cronenberg? Eh bien, sachez que ce maître canadien de l’horreur, démiurge de la nouvelle chair, a réalisé ses cinq premiers longs métrages grâce à la boîte de production québécoise Cinépix, la même dont le premier film (et succès) a été Valérie avec Danielle Ouimet.
Le premier élément qui suscite notre intérêt avec L’inquiétante absence, c’est justement ce retour historique sur le cinéma de genre au Québec. Un exercice qui s’avère très bien documenté et qui est incontournable si on souhaite faire le portrait de la situation actuelle. Les réalisateurs ont rencontré une multitude de pionniers (comme par exemple Roger Cantin et Yves Simoneau) et ont eu la très bonne idée d’aborder tous les genres, que ce soit le polar, l’horreur, la science-fiction, ou encore les Contes pour tous (Rock Demers fait évidemment partie de la liste des intervenants). Bien sûr, il y a des absents, dont Denys Arcand et Robert Morin, et quelques titres qui ne sont pas mentionnés (Red, Rafales et bien d’autres), mais les artisans de ce documentaire devaient faire des choix, aussi déchirants soient-ils.
La «nouvelle génération» est également bien représentée. Au-delà des cinéastes nommés précédemment, Patrick Huard, Erik Canuel, Carnior, les RKSS et j’en passe, sont également présents à l’écran. Rassurez-vous, les réalisateurs et les producteurs ne sont pas les seuls à se prononcer sur cette épineuse question portant sur la place du cinéma de genre dans notre cinématographie nationale. Amir et Félix discutent également avec des gens du milieu des festivals (Marc Lamothe de Fantasia et Jarrett Mann du Festival SPASM) et du monde académique (Marcel Jean et Bernard Perron, tous deux professeurs à l’UdeM).
On en vient par contre à se demander si les deux documentaristes ne ratissent pas trop large. Ainsi, une petite visite au Requiem Fear Fest les amène à interroger un bédéiste ou encore deux jeunes conférenciers venus parler de giallo. Pourquoi eux? Beaucoup trop de temps est également consacré au Festival Fantasia, qui ne laissait pas une place particulièrement importante au cinéma de genre québécois à ses débuts. Il a fallu au moins une décennie avant que Le Fantastique week-end du court métrage québécois ne soit créé et le succès du Festival SPASM (fondé en 2002) n’y est pas étranger. Heureusement, l’impact du Festival SPASM sur le cinéma d’ici, ainsi que celui du Festival Vitesse Lumière, sont abordés, quoique tardivement comparativement à Fantasia.
Malgré ces quelques lacunes, L’inquiétante absence demeure une œuvre utile et nécessaire qui pose beaucoup de questions et apportent quelques réponses. Une œuvre qui devrait circuler dans le milieu universitaire, auprès du grand public, mais également au sein des institutions publiques qui financent notre cinéma.
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