Le festival Fantasia permet toujours de découvrir de nouveaux talents et on aime surtout lorsqu’ils proviennent de notre belle province. Les programmateurs ont le don de proposer des productions en marge, qui ne plairont pas nécessairement à un large public, mais qui méritent pleinement qu’on s’y attarde. C’est le cas de 2011, premier long-métrage pour Alexandre Prieur-Grenier.
Vivant reclus dans son appartement, un jeune artiste introverti et noctambule enchaîne les petits boulots en tant que monteur vidéo. Le jour où il amorce le montage du film indépendant Une écorchure ardente, ses repères déjà précaires commencent à se brouiller. D’abord, le réalisateur lui confie des responsabilités excédant largement leur entente initiale, ce qui aggrave son insomnie et déclenche chez lui des rêves récurrents. Puis, son impression d’être envahi s’amplifie lorsqu’il est témoin de comportements inquiétants de la part des résidents de son immeuble; particulièrement de son voisin immédiat, qui semble le surveiller. Le jeune monteur plongera tête première dans ce mystère afin de comprendre ce qui se passe.
2011 est la preuve incommensurable que Prieur-Grenier a un talent fou pour nous présenter un visuel éclaté et inventif. Que ce soit par ses images troubles ou superposées, il a définitivement l’oeil pour épater. Les séquences du faux film en noir et blanc sont sobres et d’une grande beauté.
Émile Schneider (Embrasse-moi comme tu m’aimes) porte sur ses épaules l’entièreté du film et joue avec brio ce jeune artiste paranoïaque. On le sent bien se questionner sur sa santé mentale et tenter d’élucider le vrai du faux. De plus, une scène de séduction le mettant en vedette avec Tania Kontoyanni (La conciergerie) est particulièrement réussie et transpire littéralement l’érotisme, en plus de montrer l’étendue de leur talent.
La force du scénario réside surtout dans sa capacité à mettre le spectateur dans un état d’angoisse à mesure que l’histoire se développe. On se surprend même à être rivé à son écran, car les moments de tension sont bien efficaces. La musique minimaliste vient, par ailleurs, brillamment appuyer cette ambiance anxiogène.
Cependant, on ne peut pas dire que le récit réinventera la roue. Plusieurs spectateurs se retrouveront en terrain connu, car l’histoire de paranoïa nous été proposé à maintes reprises en dehors du Québec. Certains des acteurs secondaires paraissent également plus amateurs et détonnent du jeu de Schneider. De plus, l’équipe semble avoir manqué de budget concernant les blessures dans le visage du personnage principal, d’apparence moins réussie.
Malgré tout, 2011 fait du bien dans le décor du cinéma québécois malgré ses nombreuses imperfections. Il y a une place parmi le public québécois pour des oeuvres qui détonnent du lot, comme l’excellent Le rire de Martin Laroche, paru en début d’année. Sans être du même calibre, on ne peut qu’admirer ce nouvel effort et on a déjà hâte de découvrir le prochain film d’Alexandre Prieur-Grenier.
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