Jung-yeon et son mari sont à la recherche depuis six ans de leur fils disparu. Jung-yeon se retrouve seule dans cette quête lorsque le père de Yoon-su est tué dans un accident de voiture en suivant une fausse piste. Pendant ce temps, un jeune policier remarque une ressemblance frappante entre Min-su, un jeune muet travaillant dans un club de pêche, et le fils de Jung-yeon. Intimidé par son collègue corrompu, l’agent de police effectue un appel anonyme à la mère du disparu pour la prévenir. Sans attendre, elle fonce vers le village côtier et sera confronté à des pêcheurs hostiles qui refusent de lui venir en aide.
Présenté en première mondiale au TIFF en 2019, Bring Me Home (version anglaise de Nareul chajajwo) est la première réalisation de Seung-woo Kim (qui a aussi scénarisé le film). À aucun moment, son inexpérience transparaît à l’écran, tellement il se dégage de l’œuvre une profonde maturité autant du point de vue technique que pour ce qui est de la direction d’acteurs. Progressivement, on observe la profonde peine et l’effritement du couple et on y croit tellement le ton est juste. C’est la talentueuse Yeong-ae Lee que vous connaissez probablement pour son rôle-titre dans Lady Vengeance de Chan-wook Park, qui incarne la mère de Yoon-su. Soyons clair, une grosse partie de la réussite du film repose sur ses épaules.
Ne vous attendez pas par contre à un thriller haletant. Bring Me Home est avant tout un mélodrame. L’horreur est bien présente, mais elle se manifeste surtout à travers les sévices corporels et sexuels que subit le jeune Min-su. Les moments de lumière sont extrêmement rares dans Bring me Home et c’est souvent le pire qui se produit. Même les proches de Jung-yeon abusent de sa confiance. Si le scénario tient bien la route, ce parti pris pour la tragédie dérape à un seul moment, poussant le bouchon un peu trop loin. Heureusement, cet écart de conduite est rapidement rattrapé par un dernier acte plutôt violent, les péripéties déboulant d’une manière frénétique, jusqu’à une conclusion qui risque de vous bluffer.
En plus de faire une œuvre particulièrement touchante, Seung-woo Kim se permet également un clin d’œil à l’actualité et à la dure réalité des migrants qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie. Une image forte qui déclenche un dernier retournement de situation qui a peu de chances de vous laisser indifférent, à moins d’avoir un cœur de pierre comme les kidnappeurs.
Le cinéma sud-coréen n’a pas fini de nous surprendre par la qualité de ses productions et même si Bring Me Home n’est pas vraiment un film d’horreur, vous devriez y jeter un œil au plus vite.
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