Climate of the Hunter est le 27e long-métrage de Mickey Reece. Ce n’est pas une erreur de typographie. C’est bien le vingt-septième film d’un cinéaste actif depuis 2008. Ce Takashi Miike du «film de conversations dans une pièce» est originaire de l’Oklahoma et gageons que la majorité de nos lecteurs n’avaient jamais entendu parler de son cinéma jusqu’à aujourd’hui (l’auteur de ces lignes compris). Sauf que cette fois-ci, le réalisateur hyperactif a touché à notre genre favori avec son petit dernier. Bienvenue sur Horreur Québec, Mickey!
Le film raconte l’histoire de deux soeurs en éternelle compétition, Alma et Elizabeth (oui, c’est une référence à Persona de Bergman). Elles s’apprêtent à recevoir chez Alma un type qu’elles n’ont pas vu depuis une éternité, Wesley. Bien sûr, nos deux soeurs se battront bientôt pour l’attention de ce dernier. Derrière ses airs de parfait gentleman et son grand talent de conversationniste, Wesley cache toutefois un terrible secret: il est devenu un vampire…
Ce qui frappe en premier de ce film, c’est sa maîtrise totale de la direction artistique. On pense immédiatement à The Love Witch, le chef-d’oeuvre de la femme-à-toute-faire Anna Biller. Les costumes et décors d’une autre époque, la direction photo vintage, l’aura de romantisme suranné, le ratio 4:3 employé à la perfection, la façon envoûtante de filmer les quelques scènes surnaturelles qui parsèment le récit… Tout de la mise en scène de Reece est parfaitement contrôlé, au service de l’ambiance qu’il cherche à créer.
La vampire chez Mickey Reece est un dandy charmeur qui refuse de vieillir, un homme qui entretient une relation conflictuelle avec son fils parce qu’il a fait interner sa femme. C’est un être au service de ses pulsions mais aussi profondément humain. Rappelons-le, Climate of the Hunter est avant tout un film de conversations dans une pièce. On y voit moins le suceur de sang que l’homme profondément narcissique qui se cache derrière, et qui se plaît à déclencher une série de psychodrames autour d’un bol de salade au Jello.
Le personnage d’Alma soupçonne éventuellement que Wesley soit un vampire, alors qu’Elizabeth est hypnotisée par sa prestance. Est-ce qu’Alma a sombré dans la folie ou bien ses inquiétudes sont-elles fondées? Le film aborde la difficulté des femmes à se faire croire, mais ne se contente pas d’asséner lourdement ce thème phare du cinéma d’horreur des dernières années. On a affaire à une comédie au sens du dialogue acéré qui prend plusieurs virages déroutants et développe des personnages fascinants avec la complicité d’un solide casting.
Avec Climate of the Hunter et le film québécois Bleed With Me, Fantasia 2020 marque l’addition de deux titres très intéressants au canon du cinéma vampirique. Les amateurs du sous-genre doivent absolument ajouter ces oeuvres à leur programme!
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