En 1962, pendant la période de la Terreur blanche à Taïwan, deux lycéens se réveillent et se retrouvent piégés sur un campus vacant. Alors qu’une série d’événements mystérieux se déroulent autour d’eux, ils devront affronter les spectres et les monstres difformes qui ont pris possession de l’établissement afin de découvrir ce qui y est survenu.
Inspiré du jeu vidéo du même nom, Detention de John Hsu propose une histoire d’horreur qui nous plonge en plein drame socio-politique taïwanais. Plusieurs ont comparé le film à celui de Del Toro, Pan’s Labyrinth, avec ses segments réalistes et d’une brutalité incommensurable. La censure est omniprésente, car les livres jugés trop de gauche ou avec des affiliations au communisme sont instantanément bannis. Une ambiance de paranoïa s’installe autant chez le spectateur que dans le petit club qui copie des livres interdits au nom de la liberté.
En parallèle, ce qui est remarquable du premier film de Hsu, c’est qu’on a littéralement l’impression de jouer à un jeu de survie d’horreur. Il ne manque que la manette entre nos mains. L’effet est frappant, surtout au début du film lorsque les personnages se promènent de classe en classe.
Le monde obscur sert de splendide métaphore pour dépeindre ce qui se passe dans la réalité. Le réalisateur nous tient sur le bout de son siège une bonne partie du visionnement, surtout grâce à cette créature terrifiante qui pourchasse les membres du club. Son miroir en guise de visage est ingénieux; il nous permet de voir les réactions horrifiées de ses victimes.
Le dénouement est surprenant et on comprend les motivations du personnage en question. Les acteurs sont excellents dans l’ensemble et Gingle Wand (Chi qing nan zi han) dans la peau de Fang Ray-Shin nous démontre toute l’étendue de son talent.
Nicolas Archambault, programmateur du Festival Fantasia, a affirmé dans le podcast de Les Oubliettes que Detention était la meilleure adaptation d’un jeu vidéo à ce jour. Après visionnement, on ne peut qu’être d’accord avec lui. Maintenant, on a juste envie d’aller découvrir la version en jeu vidéo.
Cette critique a été publiée le 1er septembre 2020 lors du festival Fantasia.
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