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[Fantasia 2020] Lucky: slasher féministe en mode self-care

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Note Horreur Québec

Brea Grant a connu une année 2020 très productive. Après avoir tenu la vedette du film de monstres mumblecore After Midnight, Grant est de passage à Fantasia pour présenter en première deux de ses projets: 12 Hour Shift, qu’elle a écrit et réalisé, ainsi que Lucky dont elle signe également le scénario en plus d’y tenir le rôle principal.

Grant endosse ici les traits de May, une autrice qui chaque soir est attaquée par une mystérieuse figure masquée qui s’introduit dans sa demeure. Si May parvient à chasser l’intrus à plusieurs reprises, son entourage ne semble pas spécialement alarmé par sa situation. La police gère le dossier de façon très amorphe, le conjoint de May adopte une attitude nonchalante avant de disparaître et sa meilleure amie se comporte de façon bizarre. Si elle veut régler sa situation, notre protagoniste sera forcée de le faire par elle-même…

L’horreur de Lucky ne se trouve pas où l’on pense. Le film verse dans la comédie dramatique et opère très bien dans ce registre. L’objectif de Brea Grant est de pousser à l’absurde les réactions qu’ont l’entourage d’une femme vivant une situation d’harcèlement. Le concept scénaristique fonctionne et on partage vite la sensation d’isolement de la protagoniste et l’aliénation de ne jamais être prise au sérieux. La performance de Grant devant la caméra y contribue de beaucoup. Son personnage est coincé dans une espèce de chambre d’écho où son trauma est sans cesse amplifié par l’indifférence à laquelle elle doit faire face.

Le film emploie les motifs du slasher, mais ceux-ci servent l’histoire plutôt que d’en constituer le centre. La tension du récit se trouve dans l’indifférence des proches de May et pas vraiment dans son tueur, qui apparaît et disparaît subitement. La cinéaste Natasha Kermani (Imitation Girl) parvient tout de même à jouer habilement avec les codes du genre. La trame sonore de Jeremy Zuckerman contribue très bien à l’ambiance.

La satire prend quelques directions inattendues dans le dernier acte, qui ne se contente pas de faire de May une victime «idéale» et fait le pari d’approfondir certains traits plus négatifs du personnage. Le point central du film est toutefois maintenu: les expériences traumatiques vécues par les femmes sont systématiquement minimisées. Espérons que la métaphore très claire de Lucky confrontera certains spectateurs dans leurs attitudes…

Le film sera présenté une seconde fois dans le cadre de Fantasia le vendredi 28 août à 23h.
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