«Ne pas voir le Mal, ne pas entendre le Mal, ne pas dire le Mal». C’est ce que les trois singes de la sagesse, aussi appelés sanzaru, enseignent dans la maxime asiatique à quiconque voudrait atteindre une existence sans tracas. Dans le Sanzaru du Xia Magnus, premier long-métrage présenté en première internationale à Fantasia, ce n’est pas vraiment ce qui se produit.
Evelyn travaille comme aide médicale à domicile. La santé physique et mentale de sa patiente se détériore toutefois rapidement alors que dans la demeure, dans laquelle l’infirmière réside maintenant avec son neveu, des voix se font entendre dans les interphones et les conduits de ventilation. Evelyn devra percer le secret qui hante les lieux, tout en réglant les siens, avant que tout ne s’effondre autour d’elle.
Bien qu’il propose quelques apparitions spectrales saisissantes et plutôt uniques, qui citent entre autres Le Cauchemar du peintre suisse Johann Heinrich Füssli, Sanzaru n’est pas votre film de maison hantée traditionnel. Magnus utilise bien certains codes du cinéma d’horreur — d’une main de maître d’ailleurs — pour créer son effet, mais c’est surtout du drame intérieur que vivent ses personnages dont il est question ici.
Le cinéaste et scénariste construit effectivement de manière brillante ses héros pour le moins brisés, dont on ignore tout du passé, mais auxquels on s’attache très rapidement. L’actrice philippine Aina Dumlao rend magnifiquement bien son rôle d’infirmière délicate mais forte, qui doit aussi maintenant jeter un oeil sur un adolescent en crise et composer avec le fils de sa patiente qui rôde. Ces personnages secondaires multi-couches, qui mélangent les cultures de façon très rafraîchissante, contribuent grandement à la profondeur du récit. Signée d’une remarquable cinématographie, la réalisation demeure plutôt dans la suggestion et évite ainsi les pires clichés sensationnalistes dans le traitement de ses sujets sombres et sensibles.
Qui est donc ce mystérieux Monsieur Sanzaru qui reçoit du courrier? Que cache notre héroïne? Qui entend-t-on à la narration? Lorsque les pièces du casse-tête se mettent finalement en place, l’envie d’un deuxième visionnement se fait soudainement ressentir question de pouvoir approfondir encore davantage ses mystères. Une chose est certaine: Sanzaru est l’une des propositions horrifiques les plus originales et les plus poignantes de cette sélection.
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