Ah, les médias sociaux! Une bénédiction pour certains et une plaie pour d’autres. Nous sommes dans une ère où la nuance a disparu et où les opinions sont complètement tranchées. Plusieurs osent même, avec leur rôle de troll, attaquer les autres sans même penser aux conséquences. Aucune façon d’avoir un avis différent sans en arriver aux insultes. Avez-vous déjà fantasmé sur l’idée de couper l’herbe sous le pied de vos détracteurs?
Femke Boot (Katja Herbers, Westworld), chroniqueuse pour un journal hollandais, est ensevelie sous les injures de ses lecteurs. Elle ne peut s’empêcher de lire les commentaires jour après jour. N’en pouvant plus, Femke décide de prendre sa revanche contre quiconque utilise une attaque personnelle. Pendant ce temps, elle appuie sa fille qui se bat pour la liberté d’expression dans son école.
Le réalisateur Ivon van Aart et le scénariste Daan Windhorst nous proposent une comédie cinglante sur notre société. En mettant en scène cette femme assoiffée de vengeance, ils exposent la contradiction souvent présente dans notre défense de la liberté d’expression. D’un côté, Femke assassine les gens qui expriment leur opinion sur elle, mais encourage sa fille à exprimer sa pensée — pas toujours reluisante — sur son directeur d’école. Comme quoi on est heureux quand ça fait notre affaire. La manière dont les gens traitent Femke lorsqu’elle exprime son malaise face à ces commentaires est plutôt représentative d’une sphère de la population. Dans une excellente scène où elle confronte un jeune homme en lui demandant s’il réalisait qu’elle était une vraie personne et que ces mots l’empêchaient de dormir, notre rédactrice exprime parfaitement l’impact que le phénomène peut avoir sur nos vies.
Il faut absolument mentionner le travail extraordinaire de la photographie, qui nous propose d’excellents plans de vue. Qui aurait cru que des petits pois et des morceaux de doigts pouvaient devenir beaux? C’est également une bonne idée d’avoir placé les tweets que lit notre héroïne dans des bulles pour qu’on puisse les recevoir en même temps qu’elle. La performance d’Herbers est excellente et fait bien ressentir cette rage qui s’accumule au fil du temps, sans jamais tomber dans le cliché. Tout est très nuancé.
La seule chose que l’on peut reprocher au long-métrage, surtout pour les amateurs d’horreur, c’est au niveau de la créativité de ses meurtres. On aurait aimé que les assassinats soient plus représentatifs des commentaires des internautes. Pas nécessairement sanguignolants, mais juste un peu plus originaux et surprenants.
The Columnist représente merveilleusement bien cette ère numérique où tout le monde se permet d’émettre son opinion, blessante ou non. Le scénario, plutôt crédible, propose des bons moments de tension et s’avère également drôle et cinglant par moment. Il s’agit d’un excellent premier long métrage pour Aart!
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