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[Fantasia 2020] Time of Moulting: une famille en 57 morceaux

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4
Note Horreur Québec

Composé de cinquante-sept plans fixes pour dresser le portrait de l’existence sans artifice d’une famille modeste, l’idée technique derrière Time of Moulting (Fellwechselzeit), premier long-métrage et projet d’études universitaires de la cinéaste allemande Sabrina Mertens, a de quoi intriguer. Présentée en première nord-américaine et, à juste titre, dans la sélection Camera Lucida du festival, la production s’adresse en effet aux cinéphiles les plus endurcis qui n’ont pas peur d’une bonne tranche de contemplation.

On y suit Stephanie, une jeune fille enjouée vivant avec sa mère, instable et avec comme seuls repères ses souvenirs de jeunesse, et son père, un homme froid, colérique et pour le moins absent. Stephie s’amuse seule dans une pièce, écoute sa mère lui raconter une histoire et nettoie les dégâts de son chat. Le temps passe et dix ans plus tard, une certaine mue s’opère. La jeune femme est de moins en moins à l’aise avec son environnement et résiste, avec son esprit, son corps et ses fantasmes.

Time of Moulting affiche film

Ceux qui ont apprécié Ode to Nothing, présenté au festival l’an dernier, ne voudront certainement ne pas manquer Time of Moutling. À l’instar du film philippin, on ne peut effectivement qualifier le titre de véritable film d’horreur, mais il y a certainement un malaise qui s’y installe durant ces 80 minutes plutôt intrigantes. La trame sonore, qui juxtapose des atmosphères inquiétantes à ces images figées et monotones, et ces longs silences entrecoupés d’une poignée de plans rapprochés d’objets lugubres appartenant au passé y sont pour beaucoup.

Avec ses décors très travaillés et détaillés, cette idée à la cinématographie, qui enchaîne de véritables natures mortes vivantes, nous enferme littéralement dans le quotidien de ce trio qui peine à coexister. Les rôles féminins sont déterminants et leurs interprètes — la mère Freya Kreutzkam, la jeune Stephie, Zelda Espenschied, et sa version adolescente Miriam Schiweck — sont toutes excellentes et réussissent à donner vie à ces personnages qui en sont privés.

Le rapport entre le passé et le temps dépeint dans Time of Moulting est certainement énigmatique, et qu’on réussisse à percer ce mystère ou non, peu importe: l’essai demeure une délicieuse curiosité où les plus téméraires devraient s’aventurer.

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