Il est toujours difficile de refuser une histoire dont les racines rappellent les traditions littéraires gothiques anglaises, même de manière distanciée. Martyrs Lane est le troisième long-métrage en tant que cinéaste de l’actrice Ruth Platt, qu’on a pu voir dans quelques productions, dontThe Pianist de Roman Polanski.
Habitant dans un presbytère avec ses parents, une gamine qui tente l’impossible pour se rapprocher de sa mère plus distante se met à recevoir la visite nocturne d’une autre fillette costumée en ange.
Aussi à la barre du scénario, Pratt nous livre cette intelligente variation sur les thèmes de Jane Eyre ou de Wuthering Heights, en nous plaçant derrière les yeux d’une fillette de dix ans. Ce qui forge un certain intérêt dans son approche, c’est que l’autrice ne montre jamais cette gamine comme étant fragile ou immature, alors que c’est exactement de cette façon dont la perçoit sa famille. Ce rapport de contradiction très brillant nous lie immédiatement à ce personnage, mais offre un réalisme aux événements dont nous sommes témoins avec elle.
Le scénario a aussi l’habileté de superposer deux parents aux antipodes à cette petite fille, qui tente de découvrir non seulement sa propre vérité, mais aussi celle qu’on lui cache et qui semble dépassé par leur vision différente de la vie. Il en résulte une poignante étude sur les relations difficiles et complexes entre mère et fille.
Par ailleurs, Platt sait placer avec justesse et délicatesse une série de métaphores des plus pertinentes pour guider le spectateur à travers son intrigue. Le moindre objet que décortique le regard de la petite Leah possède son lot d’allégories. La réalisation marie aussi bien certains passages à teneur gothiques que d’autres plus réalistes. La mise en scène soignée et expressive surveille avec parcimonie les moindres gestes de son héroïne
L’actrice Denise Gough (Monday) est irréprochable dans le rôle de la génitrice aux apparences aigries, alors que la jeune Kiera Thompson (His Name Was Gerry) fait preuve d’une grande maturité dans le rôle de Leah.
Martyrs Lane est ce genre de petit miracle filmique que certains cinéastes réussissent à pondre, malgré un budget dérisoire. Le long-métrage donne envie de suivre cette réalisatrice.
Lisez notre entrevue avec la cinéaste Ruth Platt.
Martyrs Lane arrive en exclusivité le 9 septembre prochain chez Shudder.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.