Le segment Camera Lucida du Festival gagne à être épluché davantage par les amateurs de cinéma de répertoire. Les publicités de Fantasia vantent avec raison les mérites d’un festival de films de genre, mais trop souvent, on oublie que cette devanture sur le cinéma mondial compte plusieurs œuvres d’auteurs formidables. C’est le cas de Chorokbam, une véritable merveille.
Une série d’événements tragiques surviennent dans l’entourage d’un gardien de nuit suite à la découverte d’un chat pendu sur son lieu de travail. Est-ce un hasard ou cette macabre trouvaille est-elle porteuse d'une malédiction?
Si vous êtes un festivalier à la recherche de films remplis d’action, d’horreur, de gore ou d’arts martiaux, le rythme lent de Chorokbam risque de vous dérouter. Cependant, si le cinéma différent vous parle et que vous souhaitez célébrer le retour du festival en présentiel avec un long-métrage qui pourrait être digne de la collection Criterion, ce dernier est pour vous.
Ce premier long-métrage écrit et réalisé par Yoon Seo-jin démontre une assurance, une minutie et une connaissance du langage cinématographique comme on en voit rarement face à un film initial. Écrit avec une grande intelligence, ce drame d’horreur existentiel est très habile dans l’art de la suggestion. On a l’impression que chaque personnage est, en quelque sorte, en quête d’une rédemption ou d’un espoir qui ne vient pas. Chorokbam devient un portrait lucide de la classe moyenne en chute libre, mais s’étend même sur les conséquences de la condition humaine.
À la réalisation, le cinéaste démontre une expertise foudroyante en captant l’isolement et l’anxiété de ses protagonistes par une succession de plans fixes en apparence sobres, mais qui deviennent étonnamment expressifs par l’usage de la lumière et de la photographie soignée. Durant la totalité de son long-métrage, Yoon Seo-jin cultive le malaise en nous, et le mal de vivre qu’il met en images a de quoi donner des sueurs froides.
En total adéquation avec le reste, la distribution est prenante de vérité et se plie aisément à l’étreinte du cinéaste. Il ne nous reste qu’à attendre impatiemment le nouveau film de ce prodige, mais aussi à remercier le festival de prendre le risque de diffuser de telles perles.
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