Dans le rayon des comédies d’horreur que Fantasia avait à nous offrir cette année, le Deadstream du couple Joseph et Vanessa Winter était sur toutes les listes. La production états-unienne, qui atterrira en exclusivité chez Shudder avant la fin de l’année, s’est récoltée de bons mots depuis sa première à SXSW en mars dernier, et promettait un divertissement horrifique sur mesure pour la génération YouTube.
On y suit Shawn Ruddy, créateur de contenu déchu ayant perdu ses commanditaires après une bourde monumentale en ligne. Celui qui créait jadis des vidéos style Jackass est de retour après quelques mois de pause pour affronter sa peur utile: celle des fantômes. Il s'installera pendant une nuit complète, qu'il diffusera live via sa chaîne, dans une maison supposément très hantée. Ses abonnés, dont il tente reconquérir la confiance, en auront pour leur argent.
Avec ses interfaces de streaming et les commentaires en direct des utilisateurs affichés, Deadstream utilise habilement le concept du found footage revampé à la sauce Web des dernières années. Il faut dire que si elle n’est pas nouvelle (voir le cinéma de Rob Savage ou d’Aneesh Chaganty, entre autres), la technique screen reality se prête plutôt bien à la comédie. La paire de cinéastes n’est peut-être qu’à son premier long-métrage, mais réussit où plusieurs ont échoué avant: livrer une comédie d’horreur à la fois comique et horrifique.
Entendons-nous, Deadstream n’offre absolument rien de neuf au genre et s’oublie aussi rapidement qu’il se visionne, mais lorsqu’il est question de divertissement, la production livre la marchandise. Outre la réalisation bien rythmée et ces références à la culture online, la production doit beaucoup à l’aplomb de Joseph Winter, qui colore littéralement toutes les scènes avec une énorme dose de personnalité. Les dialogues deviennent en effet un peu plus drôles dans sa bouche alors que sa comédie physique (ses cris, autant que son autodérision) est parfois désopilante. On ne peut en dire autant de sa co-vedette Melanie Stone, dont les premières apparitions font fausse note et gâchent ainsi les revirements à venir.
C’est plutôt étrange toutefois que le sujet «spectral» du film soit laissé de côté pour finalement aboutir dans la cour de The Evil Dead, à mi-chemin. À défaut de ne faire aucun sens (paranormalement parlant, on s’entend), les créatures offrent elles aussi un bon spectacle visuel grâce à leur conception faite main très efficace — avec deux ou trois jump scares bien placés en prime.
Autrement, ce qui différencie Deadstream du lot, c’est surtout cet amour pour le genre qui devient perceptible lors du visionnement. Si les artisans derrière et devant la caméra s’amusent, le public aussi.
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